Luxley : tomes 1, 2 et 3

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L’article ci-dessous provient d’un ancien blog (qui lui-même contenait des articles très variés, ne portant généralement pas sur la BD). Lors de sa présente republication, il a été légèrement modifié. Mais en plus d’être plus ou moins daté, son formalisme ne suit donc pas la ligne éditoriale actuelle du blog que vous êtes en train de visiter.

Il y a quelques temps, je suis tombé sur cet OVNI de la BD. Ayant accroché au concept, je me les suis donc offert récemment. La série se nomme donc Luxley et compte déjà 3 tomes (le dernier vient de sortir il y a peu). Elle est éditée par « Quadrant Solaire », une maison dérivée des « Productions Soleil » qui a pour objectif de n’éditer que des BD de haute qualités ; d’après ce que j’ai pu en voir, il s’agit soit de scénarii particulièrement fouillés, soit de BD ayant une solide base historique.

Synopsis

La série Luxley se situerait donc plutôt dans la deuxième catégorie. Le nom en lui-même vous dit peut-être quelque chose, non ? Il est volontairement quasi-identique à « Locksley », patronyme peu connu du légendaire Robin des Bois. En effet, le personnage principal de la série est bien le célèbre archer britannique. Mais ne vous y trompez pas : l’histoire n’a rien à voir avec la légende habituelle. Je crois qu’il est temps de vous présenter un rapide résumé du début de l’histoire pour clarifier tout ça :

Tout commence donc par une aprés-midi dans l’angleterre de l’an de grace 1191. Une caravane solidement escortée traverse avec hâte la forêt de Sherwood. A sa tête : le sherif de Nottingham, tandis que le prince Jean se calfeutre dans son carosse. Ne manquant rien de la scène, Robin des bois, Petit Jean, frère Tuck et toute la bande des larrons de Sherwood arrêtent donc le cortège. Ils s’apprêtent à le détrousser, quand ils s’aperçoivent que les membre de la caravane sont terrifiés et affirment fuir des démons. C’est alors qu’apparaissent à l’horizon leurs poursuivants : il s’agit d’une gigantesque armée de mayas, d’aztèques et d’incas !!! Trois siècles avant Christophe Colomb, profitant des croisades, le nouveau monde vient envahir l’ancien ; et en quelques année, la quasi-totalité de l’Europe chrétienne est aux mains des indiens précolombiens !

Avouez que c’est étonnant, non ?

Le résumé ci-dessus correspond au prologue de la série, tenant en 8 pages ajoutées lors de la réédition du tome 1. Vous avez donc la base de la série : il s’agit d’une uchronie, un récit racontant comment aurait pu évoluer l’histoire si un évènement était intervenu (ou inversement, si un évènement n’avait pas eu lieu). L’histoire réelle commence donc en France, alors que l’Europe est dominée par une armée précolombienne, nommées « les atlantes » par les européens. L’Angleterre, premières attaquée à plié, la France est dominées, l’Espagne a été dévastée et Rome a brûlé. Des « Apu », équivalents de seigneurs, remplacent les rois européens et des pyramides aztèques poussent au milieu des grandes capitales chrétiennes. Nous suivons donc Robin, bien loin de sa forêt de Sherwood, traversant la France pour une raison connue de lui seul lorsque le camp dans lequel il séjournait est attaqué.

Couverture du tome 1, première édition (source)

Un concept génial & de bons personnages

Il faut bien le dire, l’idée de base est tout simplement géniale et justifie presque à elle seule l’intérêt de lire la série. Les batailles épiques entre chevaliers chrétiens et guerriers incas sont étonnantes et captivent l’attention du début à la fin ; tandis qu’une atmosphère pesante se dégage du récit : les « atlantes » semblent tout simplement invulnérables.

On peut s’étonner, avec justesse, du choix du personnage principal. En effet, il aurait peut-être été plus convenu d’utiliser un personnage purement fictif, mais la série tranche dans le vif et affirme haut et clair vouloir sortir loin des sentiers battus. Soit, mais ça reste tout de même étonnant ! Le personnage en lui-même est très fouillé et plutôt intéressant. Loin des stéréotypes du héros maladroit ou de l’homme parfait, il ressemble à ce qu’il est : un chevalier du moyen age, convaincu de sa Foi, brutal, râleur et pas forcément très réfléchis. On pourra peut-être regretter l’absence totale d’humour, bien que ce ne soit pas le ton de la série. De même, on peut avoir du mal à vraiment accrocher avec un personnage principal aussi éloigné des principes d’un « héros ». Mais là n’est pas la force de la série, de toute façon.

Les différents personnages européens rencontrés durant la série sont pour la plupart des personnages historiques, et ils bénéficient tous de la même profondeur que Robin, avec des ambiguïtés morales et des réactions somme toutes surprenantes (par rapport à une BD) mais cohérentes (si on avait été à leur place). On peut par contre reprocher l’inverse aux personnages précolombiens : ils sont pour la plupart dénués d’ambiguïté ; bien que cela semble évoluer dans le tome 3.

Un scénario intelligent et progressif

Je parlais d’uchronie tout à l’heure… En réalité, ce n’est pas tout à fait vrai, puisque Luxley comporte une part de fantastique. Attention : il ne s’agit pas de grands pouvoir magiques ou de dragons, et cela reste très bien cadré, mais la « magie » occupe une part non négligeable du récit.

Il faut aussi noter que dans Luxley, les gentils sont les chrétiens (« gentils » mais pas parfaits, loin de là). C’est tellement rare dans l’univers de la BD que ça mérite vraiment d’être noté.

Les trois tomes actuellement sortis sont relativement différents les uns des autres. Vous pouvez d’ailleurs retrouver mon avis sur chacun ici :

Le scénario suit son fil, et l’histoire se prolonge de manière tout à fait cohérente, là n’est pas la question. En réalité, la différence se ferait plutôt dans la manière d’approcher le récit ; comme si la narration effectuait progressivement un zoom en arrière. Je vais m’expliquer…

  1. Le premier tome est clairement centré sur le personnage de Robin et la manière dont les « atlantes » tentent de le manipuler, ses tentatives de fuir et ses réactions.
  2. Dans le deuxième tome, la rébellion de la chrétienté contre les incas s’organise, et on ne suit plus seulement Robin. Celui-ci est rapidement rejoint par son ami Petit Jean, de nombreux soldats ainsi que la Sainte Inquisition (pas franchement toute blanche, mais là aussi du bon coté).
  3. Dans le troisième tome, Robin a beaucoup moins d’importance, tandis que le récit aborde les tactiques militaires des deux camps s’affrontant pour la (re)prise de la ville de Paris, ainsi que sur les stratégies à long terme… D’autres personnages, fort à propos, apparaissent, comme le roi Richard Coeur-de-lion.

Pour ce qui est des dessins, il n’y a rien à redire, ils sont propres, dynamiques et efficaces. Les couvertures, quand à elles, sont de vrais chef-d’œuvres.

Conclusion

Il est difficile d’en dire plus sans vous révéler l’histoire, aussi je m’arrêterais là dans ma critique. En conclusion, je dirais que le thème de la série m’a clairement emballé et à suffit pour que j’achète les trois tomes. Au delà de ça, l’histoire est prenante et parfaitement cohérente. L’originalité guette à chaque recoins de cette France du XIIeme siècle. On peut regretter un manque de charisme du personnage principal ainsi qu’un manque de subtilité de la part des « atlantes » (bien que cela soit à grandement relativiser, quand on apprend durant le tome 2 pourquoi ils s’attaquent ainsi à l’Europe).

En guise d’épilogue pour cette critique, je vous dévoilerai juste l’orientation donnée à la fin du tome 3. L’Europe étant totalement dominée par les amérindiens, le roi Richard décide d’envoyer une délégation diplomatique afin de demander leur aide… aux armées des sarrasins, dirigées par le sultan musulman Saladin ! Celui-la même contre qui ils combattaient il y a encore peu, durant les croisades !

4 commentaires sur “Luxley : tomes 1, 2 et 3”

  1. Très bien ta critique, ça donne envie de lire cette BD. La seule chose qui me manque c’est quelques détails sur le style de dessin. Les courvertures sont très belles mais ne reflètent que rarement le style intérieur de la BD (ou du manga), du coup j’aime bien quand il y a un aperçu d’une planche.

    Au fait, hors sujet, tu connais VLVC ? C’est une évol de VLC pour faire de la visio-conférence. Je teste et je vous fais un retour, mais ça pourrait être sympa de se faire ça un de ces jours.

  2. Merci du compliment. Il est vrai que je n’ai pas mis d’apperçu des planches de BD. Voici un lien pour t’éclairer : une planche du tome 2.

    Hors sujet :
    Sinon, effectivement, ton histoire de VLVC m’interresse ! Tiens-nous au courant (via ton blog, par exemple). D’ailleurs, tu m’as ajouté à ta contact list MSN ? Car moi, je n’ai pas eu de demande de confirmation pour toi.

  3. Bon, ba, une BD de plus qu’il faudra que je te pique quand on se vera ^^

    A ce propos, on va surement descendre le 8, pour faire les paquets et préparer le déménagement. Jeremy sera sur Boreaux aussi à ce moment ! On pourrait se voir, non ? ^_^

  4. Sans problème pour me la piquer. Elle devrait te plaire, je pense. 😉

    Génial que vous reveniez bientot ! On se contact par mail (ou MSN). Et comment qu’on pourrait se voir !!!!! D’autant plus si vous avez besoin de bras.

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