Tandis que le mariage de l’horripilant Oddmar approche, son futur beau père trempe dans des affaires de contrebande d’ichor, une substance rarissime, extraite de cadavres de dieux fossilisés. De son côté, la jeune Hlin (soeur d’Oddmar) visite le dernier vaisseau des Ases, capable de se déplacer sans besoin d’écluse. Mais c’est précisément dans cette portion reculée de la galaxie que le Sultanat lance une attaque d’envergure contre l’Empire…
Et c’est avec un réel plaisir que nous replongeons dans ce space opéra ambitieux, prenant place dans une galaxie largement inspirée de la mythologie nordique, tout en présentant d’étonnants designs tout droit venus du XIXè siècle européen.
Jeux temporels
Le scénariste poursuit sa narration non linéaire déjà amorcée au tome #1. En effet, les péripéties qui nous sont racontées ne se dérouent pas en parallèle, mais séparées dans le temps de quelques années. En outre, le récit s’amuse à passer de l’une à l’autre, faisant ainsi voyager le lecteur dans le temps – de manière plutôt fluide et compréhensible, cela vaut le coup d’être noté. En particulier, ce second tome suit le personnage de Hlin, désormais agés de quelques années de plus que dans le tome précédent, transformant la petite fille naïve en jeune femme curieuse.
Par ailleurs, le scénario s’amuse également à dilater ou contracter le temps : ainsi, certaines péripéties qui nous sont contées s’étalent sur plusieurs heures voire jours, tandis que d’autres (en particulier le cliffhanger de la fin du tome précédent) n’évoluent que de quelques secondes.
Ces partis-pris de narration ont des choix forts (et plutôt percutants), bien que paradoxalement, cette saga de science-fiction ne traite absolument pas (pour l’instant) de voyages temporels.
Merveilles aux quatre coins de la Galaxie
Si le tome #1 posait les bases et laissait présager d’un lore trés travaillé, ce second tome est plutôt axé sur l’action, peut-être un peu au détriment du scénario.
Toutefois, l’album n’est pas avare en profondeur puisque nous poursuivons notre découverte de cette galaxie. Au rayon des technologies, les écluses s’avèrent avoir un rôle majeur dans la géopolitique de l’Empire, puisqu’elle permettent le voyage supraluminique sur les courants de l’Aegir, permettant de rallier différents points de la galaxie. A l’inverse, l’extraordinaire vaisseau Seipnir, vestige d’une autre ère, peut réaliser de tels voyages sans les écluses. Nous découvrons également l’ichor, matière surnaturelle, ou encore les casques des serviteurs des ases…
Autant de fluff qui donne envie d’en apprendre toujours plus sur la galaxie de Astra Saga.
A ce propos, l’auteur multiplie également les références géographiques, faisant voyager ses protagonistes entre de nombreuses planètes (dont certaines artificielles), stations, champs d’astéroïdes et autres lieux tous plus incroyables les une que les autres, et vraisemblablement très bien référencés et cartographiés : Iliam, le Veld Noir, Selis Vita, Vis III… Au-delà d’une impression de cohérence appréciable, difficile de dire si le scénariste a une réelle vue d’ensemble de la galaxie qu’il a créée (si oui, l’on peut s’attendre à la publication d’une sorte d’encyclopédie un jour ou l’autre, dont je serais certainement client).
Un scénario plus simple…
…mais toutefois pas simpliste. Alors que le premier tome pouvait paraitre touffus, ce second tome m’a paru beaucoup plus lisible et accessible. Les protagonistes principaux sont Hlin et Sey, dont nous suivons l’évolution jusqu’à leur rencontre1 dans un mélange de vendetta personnelle (pour le second) et d’intérêts commerciaux et politiques sur fond d’émergence de secte (pour la première).
Le récit évoque aussi à de nombreuses reprise le passé trouble et légendaire de la galaxie, avant qu’elle ne soit ravagée par la Grande Guerre du Ragnarok. A ce titre, nous assistons au réveil (temporaire) d’un Jotun, laissant augurer que les réalités du passé ont sans doute été déformées au fil du temps. Une idée percutante, même si sa présentation manque de subtilité en proposant un monstre multimillénaire qui s’exprime dans un langage commun, et dont le peu de phrase est déjà lourd de sous-entendus.
Ombres et lumières
Le dessin de ce second tome est tout à fait dans la lignée du tome précédent, aussi je vous y renvoie pour plus de détails. Toujours dans un mélange de dessins manuels et de colorisation (et modélisation 3D) informatique, les jeux de lumières seront clairement la signature de Astra Saga et l’on aimera ou pas. Pour ma part, je continue à y adhérer, même si je reconnais que cela nuit parfois à la lisibilité de certaines actions, en particulier les combats en gravité zéro.
En conclusion, si vous avez apprécié le tome précédent, celui-ci ne vous décevra pas. Entre images grandioses, scénario dépaysant, lore fouillé et thématiques peu approfondies mais néanmoins percutantes (telles que les différences de classes sociales ou la structuration d’un état), Astra Saga a de quoi se hisser parmi les étoiles du genre !
- pour l’instant assez anecdotique[↑]