Dans un monde féerique, Luna est une sorcière noire. Bien que mue par de nombreuses bonnes intentions, son corps abrite des poisons dangereux et la plupart de ce qu’elle touche se retrouve recouvert de champignons aux allures et fonctions très diverses. Vivant dans une clairière reculée de la foret, elle se rend néanmoins régulièrement en ville, où elle fini par croiser un garçon qui ne la laisse pas indifférente.
Très loin de ma zone de confort, j’ai découvert ce manga dans une box Kube : un abonnement qui m’avait été offert, proposant un livre assorti de différents petits cadeaux, reçu chaque mois dans ma boite aux lettres.
Alors, qu’en ai-je pensé ? Eh bien, franchement, pas beaucoup de bien… Nous sommes là face à une histoire à l’eau de rose sans grande originalité, et dont le public évident sont les jeunes adolescentes.
Histoire inintéressante
En premier lieu, le récit suit un personnage solitaire, reclus, mais spécial car disposant de grands pouvoirs que le reste du monde n’est pas prés à accepter. Un grand classique des œuvres pour ados, pour ne pas dire un cliché un peu éculé. Moi-même, en mon temps, j’étais un grand fan de la série Smallville, dont on pourrait également résumer le pitch par la première phrase de ce paragraphe.
Néanmoins, au delà du classicisme du sujet, nous avons également affaire à une romance tout aussi peu inspirée, enchainant les poncifs du genre : d’abord un coup de foudre improbable (voir peu crédible), puis un amour impossible, pour poursuivre sur un probable triangle amoureux en cliffhanger de ce premier tome.
Au delà du récit en lui-même, les dialogues sont niais et quelconques, tandis que le narrateur omniscient est extrêmement présent au travers de nombreux cartouches. Un narrateur qui use de textes basiques bardés de nombreux termes génériques (et parfois même de lourdes répétitions), mais hélas nécessaires à l’avancée du récit. Le livre tombe donc dans un travers supplémentaire : raconter au lieu de montrer (allant à l’encontre du célèbre dicton anglophone : show don’t tell).
A fond la forme ?
Le dessin est de type manga, dans le plus pur style. Et cela reste un style avec lequel j’ai, très subjectivement, beaucoup de mal. Yeux démesurés, coiffures improbables, mentons pointus, exagérations diverses et personnages chibi sont convoqués tout au long de l’ouvrage.
Je dois néanmoins reconnaitre quelques jolies idées de mises en cases, avec régulièrement des compositions assez audacieuses… Pas toujours simples à suivre (surtout en sens de lecture inversé), mais en tant qu’amateur de comics américain, je suis relativement armé pour ce type d’exercice.
L’on note également un gros travail de recherche artistique sur les champignons qui ponctuent toutes les pages de l’album. Peut-être est-ce d’ailleurs un peu trop ? Difficile à dire. Mais l’on appréciera les détails apportés par l’auteur entre deux chapitres…
Autour du récit
…car chacun des cinq chapitres qui constituent ce premier tome sont séparés par plusieurs pages décrivant certains aspects de l’univers qui nous est proposé.
Il s’agit parfois de détails supplémentaires sur le fonctionnement de l’univers de Luna, le plan de sa maison, le fonctionnement de certains de ses champignons… Mais il peut également s’agir de commentaires direct de l’auteur, expliquant ses intentions dans le dessin de tel personnage ou de tels vêtements.
C’est une démarche que j’apprécie, et qui permet de donner une profondeur au lore de cette Sorcière aux Champignons. Mais ce sont autant d’informations apportées sans subtilité, et qui devraient se trouver dans la narration, soulignant d’autant plus la pauvreté de cette dernière.
En conclusion, cet opus est-il dispensable ? Oui, complètement.
Est-il objectivement bourré de défauts ? Certainement.
Est-il foncièrement mauvais ? Difficile à dire, car je ne suis définitivement pas le public cible.
