Synopsis
Simon est psychologue dans une équipe missionnée en antarctique, lorsque d’impossibles ruines sont localisées très profondément sous la glace. Une base internationale est alors construite afin de creuser et d’étudier les restes de toute une civilisation disparue il y a prés d’un million d’année. Mais bientôt, une découverte plus grande encore est réalisée : en animation suspendue dans un abri presque indestructible, une homme et une femme semblent attendre leur réveil.
Critique
Cette bande dessinée, récit complet en un seul tome, est adapté de mon roman préféré (roman éponyme de René Barjavel, que je ne peux que vous conseiller) ; rien de moins ! Aussi, j’aurai beaucoup de mal à faire la distinction entre les qualité intrinsèque de cet ouvrage, et l’histoire quelle adapte, sans compter les souvenirs (très présents) que j’aie encore du roman d’origine. Mais essayons tout de même…
L’on suit donc le point de vue interne de Simon qui est le narrateur principal (mais pas permanent) de l’histoire. Si celui-ci est un bon observateur et un acteur léger dans la narration, son rôle est finalement plutôt ténu. Il me semble d’ailleurs plus sombre et torturé que dans le roman original, avec des motivations floues voire à la limite de la malveillance.
Car après une introduction que l’on pourrait trouver longue (même si je n’ai pas eu ce sentiment), le personnage principal est bien sûr Eléa, femme multimillénaire, issue d’une civilisation dont les hommes ont perdu le souvenir, tandis qu’elle-même ne comprend pas le monde dans lequel elle se réveille. D’une beauté à couper le souffle, sa naïveté dans le présent et sa force dans le passé me semblent quand même avoir été réduites dans cette transposition en bande dessinée. Avec l’histoire d’Eléa, ce sont également les connaissances perdues (vraiment?) de sa civilisation qui sont l’enjeu du récit.
Car oui, si le récit principal se situe dans un monde globalement contemporain au nôtre (j’y reviens plus bas), l’histoire racontée par Eléa dans sa civilisation perdue de Gondawa représente une part conséquente du récit, au moins un bon tiers. Cette narration sur deux temporalité est d’ailleurs très bien gérée, de manière fluide sans transitions narratives (pas nécessaires, le scénario étant relativement simple).
Le scénario est très fidèle au roman, même si l’adaptation à la BD nécessite (hélàs) d’ignorer certains aspects et passages, et d’en accélérer d’autres. On perd notamment toute la dimension internationale et politique autour de la découverte d’Eléa et de sa civilisation : oppositions entre scientifiques et décisionnaires, opinions publiques, enjeux entre différents pays… Ces aspects étaient d’autant plus intéressants que le roman d’origine a été écrit (et prend place) en pleine guerre froide. Ici, le contexte a été légèrement actualisé, avec notamment plusieurs mentions aux enjeux climatiques contemporains… bien que les illustrations nous montrent des appareils plutôt datés (oreillettes filaires, chaines hi-fi, écrans cathodiques…) ce qui place finalement ce récit dans un passé récent indéterminé. Certains aspects du contexte géopolitique sont bien évoqués, mais très rapidement et parfois au sein de cases d’expositions un peu artificielles.
Les personnages secondaires, enfin, ne sont pas en reste. Ici encore, ils sont à peine plus que survolés, mais ils restent intéressants voire attachants, et un grand nombre d’entre eux est nommé et reste présent tout au long du récit.
Les dessins ont l’avantage d’avoir de la personnalité. Vous vous en doutez, c’est une manière de dire que certain aimeront, et d’autre non. Pour ma part, je n’ai vraiment pas été transporté. La plupart des cases sont assez statiques. Et j’ai même cru déceler ça et là des problèmes de taille des protagonistes les uns par rapport aux autres, dans la gestion de la profondeur. Toutefois, on peut aussi considérer que c’est un parti pris de l’artiste (ici simultanément scénariste, dessinateur et coloriste), qui nous propose des cases peintes parfois simplistes voire minimaliste, mais que l’on peut interpréter comme une successions de tableau à la poésie certaine. Et quoi que l’on pense du dessin, la beauté d’Eléa reste assez indéniable.
En conclusion, globalement, une très bonne lecture, et une bonne adaptation du roman. Avec peu de texte, l’album se lit plutôt rapidement, et avec grand plaisir !