Ythaq : L’impossible vérité

Attention : Spoilers de niveau 5/5 !

L’article ci-dessous contient des spoilers : divulgation de l’ensemble des aspects majeurs de l’œuvre, y compris ses conclusions et épilogues, ses coups de théâtres décisifs, et/ou des aspects complémentaires ou extérieurs à l’œuvre.

Article importé

L’article ci-dessous provient d’un ancien blog (qui lui-même contenait des articles très variés, ne portant généralement pas sur la BD). Lors de sa présente republication, il a été légèrement modifié. Mais en plus d’être plus ou moins daté, son formalisme ne suit donc pas la ligne éditoriale actuelle du blog que vous êtes en train de visiter.

Parmi les très nombreuses BD qui m’ont été offertes à Noël (le vieux en rouge m’a gâté), figurait le tome 9 des Naufragés d’Ythaq, qui est aussi le dernier tome de cette série, comme annoncé dans un article précédent. Je vous propose donc un petit retour sur l’ultime tome de cette saga qui, s’il ne déçoit pas sur la forme, déçoit un peu sur le fond.

Couverture

Difficile de revenir sur l’histoire complète de la série, sans vous raconter avec plus ou moins de détails les épisodes précédents. Mais pour faire très vite, nous suivons les pérégrinations de la volcanique Granite, le poète Narvath et la capricieuse Callista, trois naufragés sur la planète médiévale Ythaq. Cherchant d’abord un moyen de quitter la planète, ils découvriront vite qu’Ythaq recèle bien des secrets et semble être capable de conférer des pouvoirs colossaux à certains. Pis, quel est donc ce gigantesque jeu d’échec, dans lequel les trois naufragés semblent n’être que de vulgaires pions ?

Puisque c’est la mode maintenant, et que ce n’est pas pour me déplaire, une petite bande annonce en vidéo :

Bande annonce

Au cours de la première moitié de la série, les arcs scénaristiques se multiplient, et se tressent, au point de constituer un scénario global complexe, presque confus. Je pense en particulier à un complot sous-entendu de la Silver Star (compagnie responsable du naufrage), à la recherche d’autres naufragés, aux mystérieux pouvoirs liés aux éléments, aux skopandres qui semblent pouvoir fusionner avec d’autres être vivants, à la présence sur Ythaq de riches notables de la galaxie, au jeu des Ythes… Et tout cela pourquoi ? Je ne vais pas vous spoiler grand chose : tout est dévoilé dans les 5 premières pages de cet album.

En réalité, tout cela est orchestré par une entités cosmique immense emprisonnée au sein d’Ythaq. Condamnée là par une ancienne race, elle a été emprisonnée sur Ythaq et privée de ses quatre pouvoirs élémentaux. Disposant toutefois toujours de dons télépathique, ce… « truc » contrôlait donc tout à distance : les Ythes, les skopandres, le vaste jeu planétaire auquel jouait le gratin de la galaxie… Sauf qu’avec un Narvath accidentellement contaminé par un skopandres, ce… « machin » a changé tout à coup les règles du jeux, pour se concentrer exclusivement sur le mécano poète. Voilà, c’est à peu près tout. Cette « révélation », déjà amorcée dans le tome précédent, a le mérite d’accorder le tout de manière globalement cohérente. Mais elle est aussi extrêmement simpliste, au regard des arc scénaristiques développés dans la première moitié de la saga. Un soufflet qui retombe d’un coup, alors ? Pas vraiment non plus…

Car si cette conclusion est assez fade au regard de ce que l’on pouvait attendre, elle avait été amorcée depuis 2 ou 3 tomes déjà. J’avoue que j’ai du mal à cerner si Arleston 1 avait cette fin en tête depuis le départ, et a tenté de brouiller les pistes en cours de route ; ou s’il a monté un château de cartes et ne savait pas comment boucler son histoire. En témoignent les différents arcs scénaristiques évoqués précédemment et progressivement abandonnés, ou encore les fameuses Ythes ! Ces créature monstrueuses, présentées dans le tome 7 comme étant les entités à la sources des étrangetés d’Ythaq, sont finalement reléguées à de simples animaux vaguement télépathes.

Il faut toutefois reconnaitre à cet ultime tome des actions parfaitement réglées et de rebondissements réguliers (enlèvement, explosion, compte à rebours, libération du grand-méchant-pas-beau…).

Mais du coup, il semble que pour compenser ce manque de fond au dénouement de la saga, les auteurs aient pris le parti de mettre l’accent sur la forme, et toutes les formes, en l’occurrence. Ainsi, le personnage de Granite, si elle perd un peu de son caractère volcanique au fil des albums, gagne en jolies courbes, qu’elle dévoile d’ailleurs de plus en plus (et particulièrement au début de ce premier tome), histoire d’appâter le chaland. Une preuve en images ? Regardez simplement les couvertures des tomes 6, 8 et 9 (elle n’apparait pas sur la couverture du 7) :

A la fin du tome, le… « bidule » caché sous la surface d’Ythaq tente d’absorber tout le pouvoir de Narvath 2 qui dispose désormais en lui des 4 éléments vitaux. Toutefois, il n’avait pas pris en compte un 5ème élément 3, à savoir la force d’âme des poètes ! En trois case, l’affaire est pliée, les talents de poètes de Narvath suffisent à changer le… « chose » en pierre. Voilà voilà. Si l’idée d’un mécano poète était rigolote et originale, se servir de ce trait de caractère comme conclusion est presque ridicule. Je dis « presque », car l’idée fondamentale n’est pas à jeter ; toutefois, tout est une question d’ambiance de la BD. Si une telle conclusion aurait été acceptable dans une série fortement emprunte de poésie (La complainte des Landes Perdues, Ewen, La guerre parallèle…), elle est juste puérile dans une série telle que Ythaq, basée sur l’action et l’humour.

Cette fin en est-elle seulement une ?! Des rumeurs tenaces affirment que ce tome 9 n’est que la conclusion du premier cycle des « Naufragés d’Ythaq » ! Je serai toutefois curieux de voir comment une suite pourrait venir s’inscrire après ces 9 albums. A moins qu’il ne s’agisse peut-être d’un préquelle, contant les origine d’Ythaq (rapidement expliquées au début de ce tome 9) ? Affaire à suivre…

  1. Scénariste de la série.[]
  2. Qui a dit Mo’tha ?! (cf. « Lanfeust des Etoiles », tome 4) []
  3. Qui a dit Leeloo ? (cf. « Le cinquième élément ») []

Notes

Scenario : 4 / 10
Dessin : 8 / 10
Ambiance : 5 / 10
Note moyenne : 5.7 / 10

En savoir plus sur l'album...

Série : Les Naufragés d'Ythaq

Album : tome 9/17 : L'impossible vérité
(Histoire liée au reste de la série)

Parution : septembre 2011

Lien : Site officiel

Taille : 56 pages

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12 commentaires sur “Ythaq : L’impossible vérité”

  1. Et puis au final, on se retrouve avec le gentil Narvath qui a des pouvoirs juste énormes… Hum, qui a dit lanfeust ?
    Mais je suis d’accord, le coté « la force d’âme des poêtes » est juste… nul ! Si encore on l’avait vu se manifester plus tôt ! Il y a bien une maladroite tentative de l’amener quand reciter des poèmes lui permet de s’affranchit temporairement de l’influence du méchant, mais bon…

  2. Hum, c’est quoi ce Lyr vous propose de lire sur son site : Deck Blinking Pirate. ? Dans l’absolu, ça peut être sympa, mais par pitié, décoche tout par défaut ! Sinon, je vais pas penser à le faire, et vous faire pleins de propositions !

  3. Pour moi, il etait evident Narvath avait perdu tous ses pouvoirs en petrifiant le ver geant. Mais je viens de relire les dernieres pages, et effectivement, rien ne l’indique.

    Par contre, dans la bataille, il a recupéré la memoire de centaines de civilisations… Ca va etre d’autant plus tendu de broder une suite la-dessus.

    PS : Pour le lien, normalement, si tu l’as decoché, ca devrait le memoriser dans un cookie…

  4. D’autant plus que tel que moi je l’ai compris, il a gardé tout les pouvoirs + la mémoire de centaines de civilisation. Mais ça n’a pas l’air de trop le perturber psychologiquement, il gère !

    Dans le genre méga badasse, il se pose gentillement, là…

    Pour ce qui est de faire une suite, regarde Lanfeust ! A la fin, il avait le pouvoir absolu. Mais hop, on trouve une petite astuce pour lui enlever, c’est pas bon pour l’histoire que le héro soit trop puissant 😉 Bon par contre, on se doute bien qu’en cas de besoin, on trouve une autre petite astuce pour qu’il retrouve temporairement ses pouvoirs et sauve tout le monde…

    (eh ba non, je l’ai décoché, mais il me l’a re-coché…)

  5. Ekho m’ayant expliqué qu’il n’était pas forcément nécessaire que j’aille au-delà du tome 2 (je verrai quand même si je lis la suite au moins en diagonale à l’occasion), je n’ai pas eu trop de remords à lire cet article.

    Effectivement, cela ne me fait pas forcément rêver. Dommage pour une série qui (malgré quelques défauts) s’annonçait bien.

    Pour ce qui est d’une suite, je ne voudrais pas donner l’impression de taper sur Arleston 😛 mais comme Lyr je ne me fais pas trop de soucis : s’il a besoin que Narvath n’ait plus de pouvoir absolu, il trouvera quelque chose pour justifier qu’il le perde. Reste à voir si ce sera une justification élégante ou un truc artificiel.

  6. @ Lyr:
    Clairement, des souvenirs de dizaines de millénaires et un pouvoir quasi-absolu, ça n’a pas trop l’air de l’angoisser…

    Pour Lanfeust, c’est vrai qu’il ne semblait pas trop possible d’avoir une suite. Mais Arleston a pris la seule option possible : passer à la « dimension supérieure », où un pouvoir absolu à une échelle locale ne l’est plus trop à une échelle globale. Alors que dans Ythaq, on est déjà dans un univers de SF bien avancé ! Du coup, à moins d’ajouter des univers parallèles (comme « dimension supérieure »), je ne vois pas trop… Quoi que… On apprend dans le 9eme tome que Ythaq est précisément dans une sorte de dimension parallèle ! Le sieur Arleston aurait-il l’art de se ménager systématiquement une porte de sortie…?

    Sinon, suite à ces échanges, j’ai commencé à me relire les Ythaq depuis le début. Et bien, plus j’y pense, et plus je suis sûr que Arleton ne savait pas du tout où il allait. Il a greffé certains twists et certaines conclusions de manière complètement artificielle sur ce qu’il avait posé dans les premier tomes. Enfin, ça me fait vraiment cet effet là ! Exemple : quand on lit le premier tome, il est simplement impossible que Krugor ne soit pas un banfoo…

    (PS Lyr : c’est désactivé par défaut.)

  7. Bon, et bien je viens de relire la série entière. Ca valait quand même le coup à la lumière de la conclusion, et il faut reconnaitre que Arleston avait sans doute déjà une vague petite idée de sa conclusion (l’île finale apparait dès le tome 3, il est indiqué dès le tome 2 que ce sont souvent des naufragés qui ont des pouvoirs…) ; mais il l’imaginait sans doute nettement plus complexe que ce qu’il en a fait au final, je pense. La question est alors : pourquoi avoir conclus de manière aussi simpliste ?! Manque de temps ? De motivation ? D’idée ?

    Au final, je découperais les 9 tomes en 4 cycles :

    Tomes 1 & 2 : Le cycle d’Ophyde (personnage qu’on ne reverra pas)
    Tomes 3, 4 & 5 : La recherche du Brume de Comète (bien mené, et fin prenante)
    Tomes 6 & 7 : LOST (sans doute le moins intéressant)
    Tomes 8 & 9 : Arrivée des secours (parce qu’il faut bien conclure)

    J’ai remarqué une très grosse incohérence que je n’ai pas réussi à expliquer dans les tomes 6 & 7. Les naufragés qu’ils rencontrent sur l’île ont une origine incongrue. Au départ, il n’est pas dit d’où il viennent, mais leurs habits et leur technologie (montres, robots, appareils auditifs…) font penser à d’autres naufragés de l’espace. Or, il est dit plus loin qu’ils sont bien originaire d’Ythaq, planète pourtant médiévale…!

  8. On revoit pas Ophyde ?
    Dommage, je trouvais le personnage intéressant. Enfin, pas directement le personnage (qui reste un archétype pas spécialement fouillé), mais le côté politique qu’il y avait autour, ses motivations, tout ça.

    Du coup, pas sûr que je lise la suite.

    Sinon, rien à voir avec la choucroute, mais je profite de ce commentaire pour une petite question : à un moment , tu es passé de Dotclear à WordPress. Quelles étaient tes raisons ?

  9. Non, on ne revoit pas Ophyde… Tout comme on ne connaitra jamais les tenants et les aboutissants du tatouage dont Callista a hérité sur le front. Ca aussi, c’est assez idiot ! Et effectivement, avec la disparition d’Ophyde, le coté « politique » de l’histoire (avec aussi Ennak et Dhokas) disparait.

    (J’étais passé de l’un à l’autre simplement pour la taille de la communauté : nombre de plugins/thèmes nettement plus grand et variété accrue, forums plus nombreux, aide plus rapide… Pourquoi ?)

  10. C’était surtout cette dimension « politique » qui m’avait plu dans l’histoire, le fait qu’Ophyde voulait en savoir plus sur leur technologie (si j’ai bien compris, il semblerait que ses ancêtres avaient dû la maîtriser à une époque, sans doute étaient-ils eux aussi des naufragés). En revanche, l’avenir du trio Granite Narvath Callista m’est assez indifférent (comme dit dans mon commentaire sur l’article concernant les premiers tomes, je n’ai pas accroché aux personnages).

    Si tu me dis que cet aspect disparait complètement, et que la suite est moins bonne, je n’ai plus vraiment de raison de la lire.

    (Pourquoi ? Pour faire un eldermaeblog. Je suis en train de regarder les différentes solutions possibles, donc ça m’intéresse d’avoir des avis concrets de gens que je connais.)

  11. Disons que l’aspect politique disparaît. Par contre, on en saura plus sur le vaisseau qu’ils découvrent à la fin du tome 2, et donc sur le « origines » d’Opĥyde… D’ailleurs, si elle disparaît de l’histoire, Ennak et Dhokas y restent encore plusieurs tomes.

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