La Geste des Chevaliers Dragons

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L’article ci-dessous provient d’un ancien blog (qui lui-même contenait des articles très variés, ne portant généralement pas sur la BD). Lors de sa présente republication, il a été légèrement modifié. Mais en plus d’être plus ou moins daté, son formalisme ne suit donc pas la ligne éditoriale actuelle du blog que vous êtes en train de visiter.

Venez… Venez… Approchez… Que vous soyez noble dame ou simple passant, oyez les exploits légendaires des Chevaliers Dragons ! Ces farouches jeunes femmes, aussi séduisantes que dangereuses, qui affrontèrent et affrontent toujours les dragons et le mal qui les accompagne…

La Geste des Chevaliers Dragons est une série de BD éditée chez Soleil dont le scénariste est Ange. Les dessinateurs, en revanche, sont différents pour chaque tome, et c’est là la première originalité (volontaire) de cette série…

Contexte de la Geste

Tome 1

Dans un monde moyenâgeux fantastique, les Hommes pourraient vivre en paix, si les dragons n’apparaissaient pas régulièrement. Êtres reptiliens monstrueux, dotés d’ailes gigantesque et d’un souffle ardents, ils sont entourés d’une aura rayonnant d’un mal terrifiant : le veil. De faible intensité lorsque le dragon vient d’apparaitre il augmente en force et en superficie au fur et à mesure que le dragon vieillit. Le veil déforme toutes choses : végétaux, animaux, humains, et même parfois paysages. Ces déformations sont presque toujours physiques (mutation en monstres d’allures très variables) et souvent psychologiques pour les Hommes (ils deviennent malades ou simplement fous). Il existe cependant une exception à tout cela : les filles et femmes demeurées vierges ne sont pas atteintes par le veil et peuvent échapper aux sens magiques qui rendent invulnérables les dragons. A partir de là s’est développé un ordre de chevalerie exclusivement composé de vierges, chargées de traquer et tuer les dragons lorsque ceux-ci apparaissent.

Tome 2

Ce résumé ne comprenait aucun nom, qu’il s’agisse de personnages ou de lieux, et pour cause : chaque tome de la série est tout à fait indépendant des autres. Ainsi, il n’y a pas de succession chronologique dans les tomes (bien que des allusions réparties au long de la série nous permettent de voir quand se situe l’action par rapport aux autres tomes) et les personnage sont différents à chaque fois. C’est étonnant et un peu déroutant au début, à cause de notre habitude à s’attacher aux personnages. Mais on s’y fait vite et on accroche d’autant plus vite aux héroïnes éphémères qu’on sait que l’aventure ne durera pas…

Récurrence non récurrente

Une autre originalité de cette série est que les histoires (du moins jusqu’à présent) sont assez répétitives sans pour autant être vraiment semblables. Nous suivons toujours une preux chevalier menant une quête : souvent la destruction d’un dragon, mais pas systématiquement. A la fin du tome, la quête est accomplie mais toujours au prix de sacrifices chers (la vie de l’héroïne ou de l’un(e) de ses proches).

Tome 3

Chaque album explore avec sensibilité une dimension différente, tournant autour des chevaliers dragons et de leurs quêtes. Les deux premiers tomes servent surtout à poser les bases, mais effleurent aussi le thème de la responsabilité ainsi que le choix de perdre (ou non) sa virginité. Le troisième tome aborde le fait que les chevaliers dragons, par définition, ne peuvent avoir d’enfants. Les thèmes principaux du 4eme tome sont le sens du devoir et du sacrifice. Le tome 5 évoque l’estime de soi et des autres. La notion de présomption d’innocence est au cœur du tome 6, tandis que le tome 7 (tout fraichement sorti) traite des différences entre classes sociales et des répercutions de ces distinctions à l’extrême.

Tout cela prend donc place dans un monde imaginaire et cette dimension de réflexion n’existe pas au détriment du reste…

Un vaste monde

Comme le veulent les règles du genre, le monde de la Geste des Chevalier Dragon a ses pays, ses royaumes, ses administrations, sa chronologie et ses légendes. Les héroïnes, bien que vierges, sont dessinées avec des courbes plus que généreuses et n’hésitent à en user quand c’est nécessaire (et même sans nécessité, d’ailleurs). A l’heure actuelle, il ne semble pas exister d’autre peuples intelligents que les Hommes dans ce monde, mais la faune et la flore mélangent êtres réels et imaginaires. Il est cependant difficile de savoir si l’auteur invente le monde au fur et à mesure, et ponctuellement ; ou si il en a une idée globale et précise, et nous le fait découvrir peu à peu…

Tome 4

C’est aussi progressivement que l’on en apprend de plus en plus sur le monde et l’ordre des Chevaliers Dragons… Si vous ne connaissez pas la série, je vous invite à ne pas lire plus loin ce paragraphe et à passer directement au suivant ! Dans les deux premiers tomes, outre les bases de toute la geste, on constate que le veil déforme autant les esprits que les corps. On découvre par la suite (tome 3) un ordre restreint inclus dans l’ordre des Chevaliers Dragons : les Soeurs de la Vengeances. Celles-ci, par leur sacrifice et à l’aide d’un rituel particulièrement puissant, peuvent supprimer toute vie dans un large périmètre : c’est l’ultime façon de détruire le dragon. Par ailleurs, après un passage des Soeurs de la Vengeance, aucun végétal ne repousse plus jamais sur le lieu de leur sacrifice. Dans le 4eme tome « Brisken », point de dragon, mais une description de la légendaire bataille (dont on entend parler dans les tomes précédents) opposant une armée de chevaliers dragons à d’innombrables monstres issus du veil. Le dragon est aussi absent du tome 5, dans lequel on apprend que les chevaliers dragons peuvent se retrouver impliquées dans des nœuds politiques ; on y découvre aussi un petit animal sensible au veil, servant de repères aux Hommes. Le tome 6 nous transporte aux origines de l’Ordre, à une sombre époque où les chevaliers dragons « purifiaient » toutes zones sinistrées par le veil, supprimant tous les survivants sans distinction. Enfin, le nouvel opus de la Geste nous indique que certains chevaliers peuvent « sentir » le veil, à condition d’avoir déjà affronté plusieurs dragons (et d’y avoir survécu). Cette découverte progressive des chevaliers est de leur monde est lente, ce qui pourrait en rebuter certains…

Tome 5

Reflexions profondes, fantasy classique, originalités et souffles épiques se mêlent étrangement dans la Geste des chevaliers dragons, et donnent une série d’album d’une extraordinaire qualité, sans cesse renouvelée.

Pour ma part, si je devais en choisir un parmi les 7 tomes déjà sorti, j’aurais sans doute une préférence pour… le dernier justement ! Le scénario, bien que classique, est dur et ficelé comme jamais. Mais ce sont les dessins qui m’ont vraiment envoutés : ce sont sans doute les plus réalistes depuis le début de la série ; les paysages comme les personnages sont criants de vérité, et chaque case nous plonge un peu plus dans le récit. A noter la scène du repas des Hauts Lignages, saisissante comme je l’ai rarement été devant une BD.

Je finirai en faisant remarquer que la série compte un tome hors série (chose très très rare dans la BD franco-belge) : il s’agit d’une histoire semblable à celle des autres tomes, mais se passant « loin à l’est », puisque les graphismes ont été signés par un dessinateur coréen ! Une fois l’adaptation aux dessins faite, l’histoire est tout à fait plaisante et reste au niveau des 7 autres albums.

Merci à vous, gentes damoiselles, damoiseaux, d’avoir prété oreille à mes palabres. Et que la suite de votre route soit plaisante et heureuse…

12 commentaires sur “La Geste des Chevaliers Dragons”

  1. Je suis tout à fait d’accord avec toi pour le tome 7, les dessins sont vraiment magnifiques. Pour le scénario, l’ayant lu un peu vite, je ne me prononcerais pas pour l’instant.

    La Geste est une série plutôt sympathique. Je trouve un peu dommage que le monde dans lequel évoluent les chevaliers dragons ne soit pas plus développé. On en reste souvent au stade des clichés : le machisme primaire, les dirrigeants avides d’or et de pouvoir, la belle jeune fille courageuse et dénudée (souvent on se demande un peu pourquoi d’ailleurs… au moins dans le tome 6, elles sont bien habillées 😉 )

    C’est vrai que certains tomes apportent quelques nuances, mais j’aurai préféré qu’il y en ait davantage, et qu’Ange donne un fond un peu plus riche à sa série.

    Tu dis que le dernier tome nous apprend que certains chevaliers peuvent "sentir" le veil, mais il me semble qu’il en est déjà question dans le tome 3, avec le personnage de Saïra (enfin, un nom dans ce genre là), même si elle n’est pas chevalier-dragon.

  2. C’est une peu ce que je disais : le squelette de chaque tome est quasiment le même. C’est tout ce qui tourne autour qui change à chaque fois… Je ne vois pas trop ce que tu repproche à leurs arumes, moi. 😛

    Cela dit, il est vrai qu’un tome entier dans des paysages enneigés était assez sympa aussi.

    Pour ce qui est du developpement du monde dans son entier, je pense que c’est voulu qu’on en apprenne au compte-goute. L’idée n’est pas de faire une saga ni une encyclopédie, mais bien une Geste. Ce qui implique de ne pas donner trop de détails.

    Tu as raison pour le don de sentir de Veil ! Il y avait une vieille aveugle dans le tome 3 ! Mais comme tu dis, ce n’était pas une chevalier…

  3. Je ne peux que te la conseiller, du coup ! Djo doit en avoir un certain nombre (sauf erreur). Sinon, tu pourras aussi me les piquer… 🙂

  4. J’aime beaucoup cette série, et oui, j’en ai un certain nombre… (pas tous, va falloir que je compete ça !)
    J’avais pas vu que le edernier était sorti ! super !

    Par contre, je rejoint eldermë : bien qu’assez esthétique, il faut avouer que les armures de nos braves chevalier-dragons ne sont absolument pas fonctionnelle.
    Et même au niveau esthétique, je pense que je préfererais une bonne vieille armure en plate bien dessinée et stylée. Mais bon, c’est un des cliché les plus ancré de l’héroic fantasy…

    D’ailleurs, vous connaissez des référence d’héroic fantasy avec des demoiselles en armures non à moitié dénudé ?

    Je citerais un jeu, Ragnarok online, où (contrairement aux autres classes) les paladines sont vraiment en armure complètes ! Rien que pour ça, j’en avais fait une ^_^

  5. d’ailleurs, au passage, je pense que je vais aller faire un tit tour par la fnac dans la journée ^_^

  6. Oui, oui… C’est vrai que leurs armures ne sont pas vraiment fonctionnelles, j’avoue. Mais personnellement, ça ne me dérange pas.

    Bien que dans un monde moyenageux, j’ai toujours trouvé que les chevaliers dragons ont un coté un peu "tribal" (le rituel des soeurs de la Vengeance, en particulier). A partir de là, combattre un peu dénudé n’a rien de choquant.

    Et puis, si on y réfléchis, un armure n’est pas d’un grand secour face au dragon : mieux vaut l’agilité ! D’où des "armures" particulièrement "légères".

    Et puis bon, c’est aussi un profond cliché de la fantasy, comme tu dis !

    Mais sinon, pour les demoiselles en armure non dénudées, et bien il y a… Heu… Ben…

  7. C’est sûr que l’armure ne sert pas à grand chose (on s’en aperçoit dès le tome 1 d’ailleurs) et que mieux vaut l’agilité. Mais dans ce cas-là, autant ne pas mettre d’armure, non ? (Mais non, pas toutes nues 😉 avec des vêtements normaux je veux dire) En plus, ces trucs en écailles, ça doit gratter et pas être confortable…

    Des demoiselles en armures non dénudées ? Il y a Tara dans les Forêts d’Opale qui est sexy mais quand même habillée. La guerrière F’lar (ou un truc comme ça) dans Servitude (excellent premier tome d’une série prometteuse, au passage) est habillée aussi, mais on la voit pas beaucoup par contre. Valnes (là encore je ne garantis pas l’orthographe), dans le Feul, est habillée, mais c’est pas vraiment une guerrière, quoiqu’elle a un arc. Je n’ai pas d’autres exemples en tête mais ça existe !

  8. Ben, c’est difficile à dire. Ca assure sans doute quand même la protection du bras armé. Ca protège aussi peut-être du souffle du dragon. Et puis, dans le dernier tome, on se rend compte que ça leur est quand même bien utile, même si ce n’était pas la fonction première de l’armure…

    J’avais pensé à Tara, mais si je me souviens bien, elle a quand même une superbe armure en cuir moulant noire avec jaretelles intégrées ! Alors bien sûr, elle n’est pas aussi dénudée que nos chères chevaliers, mais pas très loin non plus (sans parler de ses robes)… Par contre, je ne connais ni "Servitude", ni le Feul ! De quoi s’agit-il ??

  9. C’est vrai que Tara n’est pas forcément un exemple de pudeur, mais ça n’atteint pas les extrêmes de certaines BD qui donnent vraiment l’impression que la nudité des héroïnes (même si ce n’est pas forcément choquant non plus) est juste là pour attirer les "ados boutonneux". Cela dit, la Geste est loin d’être la pire.

    "Servitude" est une série de fantasy prévue en 5 tomes. Pour l’instant, seul le premier est sorti, mais le second ne devrait pas trop trop tarder je pense. Je te la conseille très fortement : on sent que l’univers a été travaillé et le scénario est prometteur (espérons que ça dure !). Difficile de décrire l’histoire, tant les intrigues politiques, le background historique, etc. sont complexes. D’après ce que j’ai compris, l’auteur va suivre un personnage différent pour chacun des tomes. Les dessins on un style réaliste, ils sont très soignés et à mon avis très beaux. Les détails sont travaillés, en particulier les armures des personnages qui sont superbes. La colorisation est particulière, tout en teintes sépia, mais ça donne un charme à l’oeuvre, quoique parfois ça fait un peu monotone (mais je préfère mille fois ça à la colorisation kitschissime des Forêts d’Opale).

    Pour le Feul, je suis un peu moins enthousiaste. C’est pour moi une BD sympathique, sans être exceptionnelle. Le scénario tient la route mais, à mon avis, ne casse pas trois pattes à un canard. En gros, plusieurs village, aux coutumes différentes, sont victimes d’une maladie, le feul. Un groupe de personnages des différentes ethnies part à la recherche de l’origine de la maladie. Le thème de la différence des cultures est plutôt bien abordé, bien qu’un peu "bien pensant" par moment. Les dessins sont d’une grande finesse, plein de poésie. En particulier les personnages féminins, très éloignés des bimbos à gros seins que l’on retrouve un peu trop à mon goût dans la fantasy Soleil.

  10. zut, arnaud m’a coupé l’herbe sous le pied en parlant des usages de l’armure des chevaliers dragon, que l’on voit dans le dernier tome.

    D’ailleurs ce tome montre bien que l’armure ne sert pas à grand chose, vu comment deux des trois chevaliers se font pulvériser dans les premières cases du combat…

  11. @Eldermê : tu m’as intrigué avec ces deux BD, dont je n’avais jamais entendu parler ! A, l’instar de Lyr, je crois que je vais aller faire un p’tit tour à la fnac… Les illustrations sur bedetheque.com m’ont donné envie !

    @Lyr : ^_^ De toute façon, chaque combat contre un dragon entraine forcément au moins une morte (sauf dans le tome 3, je crois).

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