La Jeunesse de Picsou

Attention : Spoilers de niveau 5/5 !

L’article ci-dessous contient des spoilers : divulgation de l’ensemble des aspects majeurs de l’œuvre, y compris ses conclusions et épilogues, ses coups de théâtres décisifs, et/ou des aspects complémentaires ou extérieurs à l’œuvre.

A l’occasion de mon anniversaire, ma chère et tendre a eu la lumineuse idée de m’offrir une réédition en 2 tomes de bandes dessinées qui ont marquées mon enfance : « La Jeunesse de Picsou » de Keno Don Rosa !

Article importé

L’article ci-dessous provient d’un ancien blog (qui lui-même contenait des articles très variés, ne portant généralement pas sur la BD). Lors de sa présente republication, il a été légèrement modifié. Mais en plus d’être plus ou moins daté, son formalisme ne suit donc pas la ligne éditoriale actuelle du blog que vous êtes en train de visiter.

J’en avais déjà parlé il y a quelques années : le production de bandes dessinées Disney est subdivisée en plusieurs écoles dont la principale est l’école américaine, connue pour la cohérence de son univers et de ses histoires. Fondateur de cette école, Carl Barks fut un auteur extrêmement prolifique ; il est à l’origine de milliers de pages de BD et créa de nombreux personnages devenus récurrents comme Géo Trouvetou, les Rapetous, Flairsou, Miss Tick, Gontran (…) et bien sûr Balthazar Picsou !

Contexte

Largement reconnu comme sont principal disciple, Keno Don Rosa est aussi un auteur de l’école américaine. Il réalisa de nombreuses histoires dans la veine (parfois même des suites directes) des histoires de Barks. Notamment, Don Rosa est à l’origine d’une œuvre largement reconnue : la fameuse « Jeunesse de Picsou ».

A l’origine, elle a été conçue sous la forme de 12 chapitres formant un tout. Toutefois, avant d’attaquer cette saga, Don Rosa avait déjà réalisé une histoire flashback contant un épisode du passé de Picsou (renommé aprés coup épisode 8bis), et avait déjà travaillé sur une variation à propos de la manière dont Picsou avait gagné son premier sou (renommé épisode 0). Par la suite, il intégra ces deux histoires et ajouta divers chapitres supplémentaires venant s’intercaler tout au long des 12 premiers chapitres d’origine.

Les deux tomes de mon édition sont donc découpés comme suit :

  • Le premier contient les 12 chapitres originaux et forme un tout.
  • Le second contient l’ensemble des chapitres ajoutés, ainsi que plusieurs histoire bonus signées Don Rosa ayant un rapport étroit avec la jeunesse de Picsou 1.
Deux opus

Pour la « Jeunesse de Picsou », Don Rosa a réalisé un impressionnant et double travail de recherche :

  • Il a soigneusement répertorié toutes les allusions et références à la jeunesse de Picsou dans l’ensemble des œuvres de Barks, et a travaillé à toutes les intégrer dans sa saga ;
  • Ces références étant solidement identifiées dans le temps et la géographie, il a ensuite réalisé un énorme travail historique afin d’ancrer l’histoire de Picsou dans son époque, à savoir la fin du XIXème siècle et le début du XXième. De cette façon, le récit croise la route de diverse personnalités célèbres, événements historiques et lieux marqués par l’Histoire. 2

Avant d’entrer dans le détail de chaque chapitre, il est important de noter que pour Don Rosa, les 12 chapitres initiaux de la « Jeunesse de Picsou » constituent l’histoire de base, une saga autonome et à part entière. Les ajouts ultérieurs (épisodes « bis » et autres), s’ils s’intercalent chronologiquement dans les 12 premiers chapitres, ne sont tout de même pas à prendre au même plan. J’avoue que je ne suis pas sûr de bien comprendre l’idée de l’auteur, mais en étudiant l’édito dont je dispose, il précise que les 12 premiers chapitres contiennent tous des allusions directes aux histoires de Barks ; tandis que les ajouts, s’ils sont intimement liés au reste de la Jeunesse de Picsou, n’ont pas de lien direct avec les histoires de Barks.

Table des matières de l’article

Destinée…

Chronologie des chapitres

Dans la suite de cet article, je vous propose pourtant de les aborder dans un ordre strictement chronologique dans la page suivante…

Chapitre 0 : Canards, cents et destinées

Non centré sur Picsou, nous suivons ici Miss Tick 3 qui entreprend de remonter le temps pour voler le premier sou du petit Balthazar, alors qu’il vient juste de le gagner.

Une histoire intéressante de voyage dans le temps, avec une chute comme je les aime, et qui permet de comprendre comment Picsou a pu gagner une pièce américaine alors qu’il était cireur de chaussures à Glasgow, en Ecosse.

Chapitre 1 : Le dernier du clan McPicsou

1877. Nous faisons la connaissance de la famille McPicsou, dans les quartiers pauvres de Glasgow. Descendant d’un ancien clan, Balthazar n’a que 13 ans quand son père l’emmène sur les terres de ses ancêtres, pour lui parler de son illustre famille. Après quoi, Balthazar devra commencer à travailler pour nourrir ses deux sœurs. Il gagnera ainsi son « sou fétiche » puis se révélera avoir un bon sens des affaires pour gérer divers petits business. Mais sur les conseils d’un étrange personnage, il suivra la voie indiquée par son premier sou : chercher fortune en Amérique…

Excellente entrée en matière, qui nous présente la famille proche et éloignée de Picsou, la façon dont il gagne son premier sou (à mettre en perspective avec le chapitre 0), dont il acquiert sa fierté, et prend son envol vers le pays de l’oncle Sam…

Premier sou

Chapitre 2 : Le roi du Mississippi

Adolescent et fraîchement arrivé en Nouvelle Orléan, le jeune Picsou retrouve le frère de son père (son oncle, donc) et apprend la navigation des bateaux à vapeur sur le Mississippi. Il participera notamment à une course au trésor sur les rives du célèbre fleuve boueux, et rencontrera les Rapetous (parents des célèbres voleurs) ainsi que l’inventeur Grégoire Trouvetou (grand-père de Géo Trouvetou). Toutefois, l’ère du commerce sur le Mississipi touchant à sa fin, Picsou abandonnera cette voie.

Une aventure fort sympathique, quoique peut-être un peu prétentieuse. Son principal intérêt réside dans la découverte des parents de personnages « actuels » du monde des canards de Disney, même si ceux-ci ne présentent pas forcément un intérêt intrinsèque. De même, l’oncle de Picsou ne m’est pas apparu comme un personnage mémorable.

Chapitre 3 : Le Cow-boy des Badlands

Arrivé dans le Montana, nous sommes en 1882, Picsou est en charge de la gestion d’un immense troupeau de bovins. Lorsqu’il perd l’un d’entre eux, sa réputation est mise en jeu. C’est ainsi qu’il apprendra à monter à cheval, et rencontrera un jeune politicien plein d’avenir : Théodore Roosvelt !

Un petit épisode sans prétention, mais tout de même fort sympathique, et contenant de bons gags.

Chapitre 3bis : Le Cow-boy capitaine du Cutty Sark

Picsou a pour mission de livrer deux taureaux devant participer à une célèbre (et réelle) course à Java. Il se retrouvera au milieu de machinations entre deux sultans, et fera de nouveau équipe avec Grégoire Trouvetou, sur fond d’explosion volcanique.

De nombreuses références et personnages historiquement vrais pour une aventures ponctuée de nombreux et (très) gros gags. Amusante mais pas incontournable.

Gags

Chapitre 4 : L’aventurier de la colline de cuivre

L’avènement des barbelés et du parcellement du Montana pousse Picsou à quitter le monde du bétail pour s’orienter vers le métier de prospecteur. Il en apprend les rudiments auprès d’un riche milliardaire qui fut autrefois prospecteur : Howard Flairsou, père de celui qui sera un futur concurrent milliardaire de Picsou. Nous sommes en 1884 et l’électricité naissante donne énormément de valeur aux filons de cuivre. Malheureusement, Picsou devra vendre sa nouvelle mine pour financer l’entretien de l’antique château des McPicsou, en Ecosse.

Excellente histoire durant laquelle Picsou enfile l’habit qui le rendra riche plus tard : celui du prospecteur. Il se retrouve confronté aux regards des autres durant le faible intervalle où il devient riche, et révèle un trait de caractère qui s’affirmera plus tard, un trait dur qui place la richesse au moins au niveau de la chaleur de l’amitié.

Chapitre 5 : Le Nouveau Maître du Château McPicsou

Balthazar retrouve sa famille, qui a emménagé dans le château ancestral. Ses soeurs Mathilda et Hortense ont bien grandit. Mais la famille est menacée d’expulsion. Dans ses efforts pour protéger la demeure de sa famille, Picsou se retrouvera entre la vie et la mort, et fera précisément la rencontre de ses ancêtres !

Encore un excellent chapitre, qui permet de renouer avec l’ambiance froide et brumeuse du tout premier. La partie avec les ancêtres McPicsou est tout à fait savoureuse, et fait échos à d’autres chapitres de la « Jeunesse de Picsou » (impossible de vous en dire plus sans spoiler).

Chapitre 6 : La Terreur du Transvaal

En 1886, de l’or est découvert en Afrique du sud. Picsou s’y rend donc avec espoir d’y faire fortune. Il y rencontre un jeune homme semblable à lui, avec lequel il sympathise. Cependant, ce dernier le trahira (sans être nommé, il s’agit en réalité de Gripsou 4 ), et Picsou apprendra ainsi à se méfier d’autrui, acquérant de ce fait un autre de ses célèbres défauts.

Une histoire assez courte ici encore, mais bien menée. Les animaux africains sont magistralement dessinée, avec ces expressions faciales, animales et pourtant si parlantes dont Don Rosa a le secret…

Animaux africains

Chapitre 6bis : Le Protecteur de Pizen Bluff

N’ayant pas trouvé d’or en Afrique, Picsou est de retour en Amérique, plus précisément en Arizona. Il y retrouve fortuitement son oncle, John McPicsou, qui le mêle à une course poursuite avec les terribles frères Dalton. Balthazar y rencontrera Buffalo Bill ainsi qu’un étrange indien.

Cet épisode est l’un de ceux dont je me souvenais le mieux (sans doute l’avais-je lu et relu dans l’un de mes Picsou Magazine autrefois). Sympathique, quoique pas le meilleur chapitre de la saga, il contient de très bons gags et clins d’œils.

Chapitre 7 : Le Rêveur du Never Never

1890, de l’or a été découvert en Australie ! Picsou s’y rend, mais de nouveau sans succès. Il y croisera un vieil aborigène et se retrouvera directement confronté à la notion de « destin » (bien que cette notion soit sous-jacente à l’ensemble des histoires de la « Jeunesse de Picsou »).

Un autre chapitre dont je me souvenais bien, et dont la conclusion forme une sorte de boucle sur elle-même qui me plaît particulièrement. La philosophie aborigène, bien que très simplifiée, reste intéressante et est une preuve supplémentaire du travail de recherche effectué par Don Rosa.

Chapitre 8 : Le Protecteur de la vallée de l’Agonie Blanche

Son destin envoie Picsou dans la dernière grande ruée vers l’or : celle du le grand nord Canadien, et plus précisément dans le Klondike (Yukon). Il y croisera bandits de grands chemins et prospecteurs désoeuvrés. Il établira et exploitera sa concession, et après 20 ans d’errance autour du monde, Picsou découvrira la pépite qui le rendra millionaire ! Mais il y découvrira autre chose, en la personne de la troublante Goldie…

Point culminant de la « Jeunesse de Picsou », c’est dans ce huitième chapitre que Picsou devient riche ! Passage préféré de Don Rosa et largement connu des fans du canard le plus riche du monde, on y voit l’accomplissement de la destinée de Picsou, qui réalise au passage un bilan de ce qu’il a vécu jusqu’à présent. Un chapitre passionnant et plus long que la moyenne, pour le plus grand plaisir du lecteur.

Chapitre 8bis : La Prisonnière de la vallée de l’Agonie Blanche

Goldie, l’étoile du Nord, troublante danseuse du Black Jack saloon n’a aucun scrupule à dépouiller le peu d’or que les prospecteurs arrivent à arracher à la terre. C’est pourquoi Picsou la contraint à vivre et travailler comme un prospecteur pendant un mois complet.

Don Rosa nous fait vivre ici le mois durant lequel Picsou et Goldie ont cohabité, mois évoqué dans les histoires de Barks et qui indique que Picsou a vécu des sentiments amoureux pendant un cours laps de temps de sa vie. L’histoire en elle-même n’est pas passionnante (les trois personnage que l’on suit, s’ils sont historiques, ne sont pas particulièrement intéressants), mais elle fait le lien avec le chapitre suivant…

Chapitre 8ter : Les deux cœurs du Yukon

Alors que la famine fait rage dans le yukon, de malhonnêtes prospecteurs veulent faire abroger la concession de Picsou, afin de mettre la main dessus.

Ce chapitre (qui fait partie de ceux dont je me souvenais très bien) clôt définitivement la quête de fortune du jeune Picsou, qui par la suite aura pour but de devenir le plus riche du monde. La fin du chapitre est saisissante, notamment lorsque Picsou choisit définitivement son destin, entre richesse et amour…

Climax de l’épopée de Balthazar Picsou

Chapitre 9 : Le Milliardaire des Landes Perdues

Nous sommes en 1902 et Picsou est désormais milliardaire. Il entreprend de rentrer chez lui, en écosse, et d’y établir son empire financier. Mais après plusieurs décennies autour du monde, Picsou ne trouve plus sa place.

Un chapitre de transition, qui ne raconte pas vraiment d’histoire mais est surtout un enchaînement de gags plutôt bons. L’occasion pour Picsou de retrouver ses sœurs Hortense et Mathilda, et de quitter ses parents ainsi que le château ancestral. La dernière page de se chapitre est simplement époustouflante !

Chapitre 10 : L’envahisseur de Fort Donaldville

Picsou et ses soeurs débarquent dans l’état du Calisota afin que Picsou y installe son futur coffre à l’emplacement de l’actuel Fort Donaldville. Il rencontrera les descendants de son fondateur 5 et devra affronter de nouveau les Rapetou ainsi que les actuels occupants du fort : les premiers Castors Juniors 6.

Nous sommes ici dans les fondements de toute le lore crée par Barks (et prolongée par Don Rosa) concernant le monde des canards de Disney : l’établissement de Picsou à Donaldville, les Rapetou, les Castors Juniors et le fort Donaldville (rien que cela donnera lieu à au moins deux histoire complètes signées Don Rosa, de mémoire), la famille Duck et sa ferme (Mathilda se mariera avec l’un d’eux, donnant naissance ensuite à un certain Donald Duck 7 )… Un régal que ce chapitre, qui est aussi un moyen de revoir Théodore Roosvelt, déjà croisé dans le chapitre 3.

Chapitre 10bis : Le petit malin de la Percée de Culebra

Picsou est propriétaire d’une montagne dans la toute jeune république du Panama. Il y embarque ses sœurs et espère bien y trouver de l’or, comme l’affirment les légendes locales. Mais ladite montagne se trouve sur de tracé d’un projet titanesque motivé par les intérêts américains : le canal qui joindra l’Atlantique au Pacifique !

Ce chapitre est présenté comme la plus mauvaise affaire qu’ait réalisée Picsou de sa vie. Pourtant, l’histoire en elle-même m’a l’effet du « chapitre de trop ». Je ne saurais dire pourquoi… Est-ce parce qu’il ressemble trop à une histoire « classique » de Picsou, et moins à un épisode de sa jeunesse ? Est-ce le personnage de Roosvelt que nous avons désormais trop vu ? …

Chapitre 11 : Le Canard le plus Riche du Monde

Picsou parcours le monde afin d’accroître sans cesse sa fortune, remplir son tout nouveau coffre, et devenir le canard le plus riche du monde. Cela le poussera à commettre des actions au delà de l’honnêteté.

Picsou n’a désormais plus besoin des « mentors » qui ont ponctué l’ensemble de sa jeunesse. Délaissant ses sœurs, il se fait tout seul, et acquiert son avarice légendaire ainsi que sa non moins célèbre solitude… Il s’agit de l’épisode dont je me souvenais le mieux, et le final est aussi grandiosement triste que dans mon souvenir.

Le canard le plus riche du monde

Chapitre 12 : Le Reclus du manoir McPicsou

1947. 10 ans que le célèbre Balthazar Picsou a pris sa retraite. Pourtant, à l’occasion de Noël, il convoque son neveu Donald et ses petits neveux Riri, Fifi et Loulou…

Ce chapitre, plutôt que de raconter le dernier épisode de la « Jeunesse de Picsou » (Picsou a désormais son age des histoires classiques des Ducks), est une transition vers l’époque « contemporaine » et les aventures habituelles des canards de Disney. Il s’agit plutôt d’un épilogue. C’est un dernier adieu à l’ensemble des souvenirs de Picsou, mais aussi une très belle ouverture sur les aventures qui l’attendent. Et c’est surtout la rencontre entre Picsou et ses neveux, qu’il ne quittera plus.

Les bonus

Le second tome de mon édition (chez Glénat) de la Jeunesse de Picsou comprend deux histoires supplémentaires, en lien direct avec la « Jeunesse de Picsou » :

Dernier traîneau pour Dawson commence par un flashback qui prend place entre les chapitres 8ter et 9 de la Jeunesse de Picsou, et raconte ensuite le retour de celui-ci vers le Klondike. Une aventure sympathique, mais un gros cran au dessous de la Jeunesse de Picsou. Notez qu’elle prend aussi place après l’aventure intitulée « Retour au Klondike » de Carl Barks, dans laquelle il créait justement le personnage de Goldie.

Le Rêve de toute une Vie est plus original, et montre l’invasion des rêves de Picsou par les Rapetou (pensant y trouver la combinaison de son coffre) tandis que Donald y pénètre à son tour pour le sauver. C’est ainsi l’occasion de revoir en flashbacks de nombreux épisodes de la Jeunesse de Picsou, et d’y voir Donald s’y confronter. Notez que cette histoire a été à l’origine d’un petit buzz, qui affirmait que Christopher Nolan avait volé l’idée de son film Inception à cette aventure Disney (détaillé ici). Il est vrai que la ressemblance est troublante…

Rêve ou souvenir ?

Bilan : 5 raisons de lire la « Jeunesse de Picsou »

Pourquoi j’ai adoré ces bandes dessinées ? Et pourquoi vous devriez les lire sans plus tarder ?

Parce qu’il est très rare de pouvoir suivre les aventures détaillées de l’enfance de quelqu’un que l’on connaît bien pour avoir suivi ses aventures adulte 8. Il est évidement conseillé de lire la Jeunesse de Picsou en aillant déjà abondamment lu les aventures des Ducks (en particulier celles de l’école américaine) pour y relever les nombreuses allusions et annonces du destin de Picsou. Mais l’histoire, au delà d’être un prequel, constitue aussi une saga à part entière, avec sa cohérence interne et ses personnages récurrents (Grégoire Trouvetou, l’ancienne génération Rapetou, Théodore Roosvelt, Hortense et Mathilda McPicsou, l’oncle John, etc.).

Parce que je viens de parler de destin, et même si cette notion n’est évoquée directement qu’au chapitre 7, c’est le fil directeur de l’ensemble de la « Jeunesse de Picsou ». De son enfance à son age adulte, nous suivons l’évolution du petit Balthazar qui apprend au fur et à mesure de ses aventure : la méfiance après avoir gagné son premier sou, la persévérance auprès de Roosvelt, le travail auprès du vieux Flairsou, etc. On peut ainsi suivre avec plaisir le petit cireur de chaussures de Glasgow devenir le canard le plus riche du monde, notamment au contacts de différents mentors :

  • Duncan McPicsou, l’ancêtre bienveillant ;
  • John McPicsou, l’oncle aventurier ;
  • Théodore Roosvelt, le jeune politicien plein d’avenir ;
  • Howard Flairsou, le milliardaire prospecteur ;
  • Archibald Gripsou, l’ami sans scrupule ;
  • Jabiru Kapirgi, le sorcier aborigène qui met Picsou sur sa voie ;
  • Goldie O’Gilt, l’amante du grand Nord ;
  • Donald, Riri, Fifi et Loulou, qui apparaissent dans le dernier chapitre et demeurent à leur manière les derniers mentors de Picsou.

Parce que bien que clairement destinée aux enfants, la « Jeunesse de Picsou » aborde des thèmes très adultes, comme le sens du sacrifice, l’importance de la famille, du but que l’on se donne, l’accomplissement (notamment par le travail), la vraie valeur de la richesse, et je pourrais continuer longtemps.

Parce qu’en lisant la « Jeunesse de Picsou », vous ferez aussi un immense voyage dans la fin du XIXème siècle et le début du XXième, et plusieurs fois autour du globe. Grâce à la rigueur de Don Rosa, vous en apprendrez bien plus que vous ne l’imaginez !

Parce que la « Jeunesse de Picsou », au delà de tout ce que j’ai déjà abordé, c’est aussi une excellente BD. Les dessins, bien qu’à la ligne claire, sont extrêmement précis et minutieux. Les personnes et lieux sont tout à fait réaliste, sans pour autant laisser de coté l’aspect délirant que peut avoir une BD Disney. Certaines cases ou pages sont à couper le souffle, que ce soit dans le dessin en lui-même, ou dans la réalisation des planches. Enfin, et Don Rosa est (aussi) connu pour cela, vous pourrez vous amuser à étudier tous les détails qui ponctuent ses bandes-dessinées. Il peut s’agir de gags très discrets, mais aussi de petits jeux comme des inscriptions à retrouver (un peu à l’image de ce que l’on peut trouver dans Lanfeust).

PS : Vous avez noté l’évolution vers la couleur dans les médaillons qui illustrent les différents ages de Picsou ?

  1. Notez que les histoires de Barks directement liées à la jeunesse de Picsou sont absentes, ces deux recueils étant exclusivement dédiés à don Rosa.[]
  2. Bien sûr, il ne s’agit pas d’une œuvre historique, mais la plupart des personnages, lieux et époques sont dignes d’intérêts.[]
  3. Sorcière, éternelle ennemie de Picsou qui souhaite s’emparer de son premier sou pour le fondre et en faire une amulette.[]
  4. Futur milliardaire, ennemi de Picsou, comme son reflet dans l’ombre.[]
  5. Grand-mère Donald et sa famille, autres personnages bien connus créés par Barks.[]
  6. Organisation scoute à laquelle appartiendront Riri, Fifi et Loulou ; elle aussi imaginée par Carl Barks et bien connue des amateurs des Ducks.[]
  7. Ainsi qu’à une certaine Della, qui aura elle-même 3 garçons : Riri, Fifi et Loulou ![]
  8. Le seul autre exemple qui me vient en tête sont les « Aventures du Jeune Indiana Jones », encore que celles-ci ne sont pas liées à sa vie d’aventures une fois adulte.[]

13 commentaires sur “La Jeunesse de Picsou”

  1. Je n’ai quasiment pas lu de Picsou magasine, à part au petit bonheur la chance. Je connais donc un peu, mais pas tout. J’ai déjà du lire une ou deux des histoires que tu décris là, ou en tout cas lu des histoires où on parle du passé de Picsou.

  2. Je suis un peu dans la même situation que Lyr, j’ai lu certains épisodes (notamment ceux qui se déroulent au Klondike), mais pas la totalité.

    @ Ekho: « Les dessins, bien qu’à la ligne claire, sont extrêmement précis et minutieux. »
    Tu sembles dire que la ligne claire n’est pas un genre très détaillé, ou fouillé. Ce n’est vrai que pour certains Disney. Au contraire, c’est un style de BD très travaillé (voir Jacobs ou Leloup par exemple).

  3. Hey !

    Je connais encore moins le monde BD Disney que les mangas (c’est dire !), donc je vais juste faire quelques remarques sur cet article par ailleurs fort intéressant…

    1/ « Picsou choisit définitivement son destin, entre richesse et amour… » ; « Picsou n’a désormais plus besoin des « mentors » qui ont ponctué l’ensemble de sa jeunesse. Délaissant ses soeurs, il se fait tout seul, et acquiert son avarice légendaire ainsi que sa non moins célèbre solitude… »
    Parler de Destin dans les circonstances décrites me semble tout de même un brin exagéré : Picsou FAIT des choix, et s’il le fait, c’est parce qu’il peut se permettre d’en faire : il est parfaitement autonome et maître de sa destinée.
    C’est d’ailleurs ce qui est le plus problématique (sur un plan politique) dans le mythe du « self made man » en manière générale : faire croire que la volonté suffit, et que parce que quelques uns, très rares, et parfois plus même par coup de chance que par volonté ou par talent, parviennent effectivement à monter « from rags to riches », il existe une mobilité sociale, alors qu’en réalité plus de 90 % des basses classes sociales stagneront dans leurs position…

    2/ Ta note 8 est quand même un brin réduite, mon cher : rien qu’en restant dans le monde de la BD, moi je peux te citer : Blueberry, Spirou, Lanfeust, Yoko Tsuno (bon, OK, là c’est un peu différent, son enfance fait l’objet d’un roman, pas d’une BD) – et outre-atlantique, bien entendu, Batman, Superman (on sort de la BD mais : Smallville ?), ou encore James Bond (le personnage est britannique, mais la plupart des films et BD qui lui consacrés sont américaines).

    3/ Détail technique cette fois : je crains qu’il va falloir creuser un peu ce qu’est « l’école de la Ligne Claire » – parce que même sans connaître beaucoup Don Rosa, rien qu’à voir les quelques échantillons qui illustrent cet article, je sais qu’on y est pas du tout (ombrages en hachures, images en clair-obscur avec à-plat de noirs, ajouts d’effets de dégradés dans la colorisation, etc.)

  4. @ Didine:

    La place du Klondike de la jeunesse de Picsou est l’élément le plus employé par Barks lui-même, et a largement été repris, y compris par l’école italienne. Du coup, c’est un grand classique, et la plupart des lecteurs savent que c’est ainsi que Picsou à démarré sa fortune.

    En fait, en parlant de ligne claire, je voulais dire que c’est rare d’y trouver de nombreux détails. Même si on prend Jacobs, il me semble (je n’ai pas d’album de B&M sous la main) que chaque élément des cases porte le récit principal, mais rare sont les détails qui sont une sorte de sous-intrigue ou un gag dissimulé.

    @ DarkPara:

    Moins que la manga ?! Hérétique !!!

    1/ « Picsou choisit définitivement son destin, entre richesse et amour… » ; « Picsou n’a désormais plus besoin des « mentors » qui ont ponctué l’ensemble de sa jeunesse. Délaissant ses soeurs, il se fait tout seul, et acquiert son avarice légendaire ainsi que sa non moins célèbre solitude… »
    Parler de Destin dans les circonstances décrites me semble tout de même un brin exagéré : Picsou FAIT des choix, et s’il le fait, c’est parce qu’il peut se permettre d’en faire : il est parfaitement autonome et maître de sa destinée.
    C’est d’ailleurs ce qui est le plus problématique (sur un plan politique) dans le mythe du « self made man » en manière générale : faire croire que la volonté suffit, et que parce que quelques uns, très rares, et parfois plus même par coup de chance que par volonté ou par talent, parviennent effectivement à monter « from rags to riches », il existe une mobilité sociale, alors qu’en réalité plus de 90 % des basses classes sociales stagneront dans leurs position…

    Bonne remarque. En fait, je parle de destin UNIQUEMENT du point de vue du lecteur omniscient, qui connait l’histoire de Picsou, qui sait vers quoi elle va s’orienter, et qui regarde COMMENT les pièces se mettent en place tout en connaissant l’image finale qu’elles dessineront. Et avec un peu de recil, je me dis que j’aime bien les histoire dont je connais la fin, et mais dont j’ignore le contenu (Starwars prélogie, Smallville, etc.).

    2/ Ta note 8 est quand même un brin réduite, mon cher : rien qu’en restant dans le monde de la BD, moi je peux te citer : Blueberry, Spirou, Lanfeust, Yoko Tsuno (bon, OK, là c’est un peu différent, son enfance fait l’objet d’un roman, pas d’une BD) – et outre-atlantique, bien entendu, Batman, Superman (on sort de la BD mais : Smallville ?), ou encore James Bond (le personnage est britannique, mais la plupart des films et BD qui lui consacrés sont américaines).

    Mmmh… De ce que j’en sais :

    – La Jeunesse de Blueberry me semble plus un grand cycle à part entière qu’une exploration du passé du célèbre cowboy. Dans les quelques albums que j’ai lu, son personnage « jeune » est identique à son personnage « adulte », seul change la chronologie de ses aventures. Mais j’avoue que je ne suis pas un expert en Blueberry.

    – Les « Petit Spirou » et « Petit Lanfeust » sont des personnages différents de leurs versions adultes (de l’aveux même de Tome et Janry, auteurs du Petit Spirou). En outre, il s’agit surtout de gags en une page, et non de biographies complètes et chronologiques.

    – Je ne saurais pas dire pour Baman ou James Bond. En revanche, comme évoqué un peu plus haut, Smallville est un parfait exemple de ce que je veux dire pour Superman. Mea culpa.

    3/ Détail technique cette fois : je crains qu’il va falloir creuser un peu ce qu’est « l’école de la Ligne Claire » – parce que même sans connaître beaucoup Don Rosa, rien qu’à voir les quelques échantillons qui illustrent cet article, je sais qu’on y est pas du tout (ombrages en hachures, images en clair-obscur avec à-plat de noirs, ajouts d’effets de dégradés dans la colorisation, etc.)

    J’avoue que l’à plat de noir et le dégradé de couleur dérogent à la ligne claire.

    Par contre, les hachures par forcément, si on prend Jacobs comme référence :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ligne_claire#E.P._Jacobs.2C_l.27autre_p.C3.A8re

  5. @ Ekho:

    Pour la jeunesse de Spirou je pensais plus aux albums d’E. Bravo, qui, même s’ils s’inscrivent eux-aussi dans une ambiguité « multiverselle » (c’est la série « Une aventure de Spirou par… » et non la série principale « Spirou et Fantasio »), ne s’opposent pas vraiment au « canon » et sont donc tout à fait acceptables…

    Quant à la ligne claire, mille sabord, on y est pas, on y est pas, point ! 😉
    Je veux bien admettre que les hachures sont pas rédhibitoires, mais j’avais mis un « etc. » : il y a des effets de mise en page (cases dont les bords ne sont pas dessinées, objets qui sortent du cadre des cases), il y a des changements de valeur de plan d’une case à l’autre y compris dans un même strip, et, surtout, j’aurai du commencer par là, il n’y a pas de recherche de réalisme puisqu’on a des animaux anthropomorphes en guise de personnages…
    Mais bon, ne fait j’insiste mais c’est pas grave, on va s’enfermer dans un discours abscons de théoriciens de la bande dessinée…

  6. Du coup, je ne connais pas du tout les BD dont tu parles. Je n’ai pas relu de Spirou depuis qu’ils ont lancé les séries dérivées que tu évoques.

    Okay okay, je m’incline dans le cas de la Jeunesse de Picsou.

  7. @ Ekho:
    Je pense qu’on ne parlait pas du même type de détails. Tu parlais de gags secondaires ou d’intrigues se déroulant à l’arrière-plan. Il n’y en a pas effectivement dans les BD que j’ai cité, ou rarement. Je me posais simplement sur le plan du dessin, plein de détails effectivement, mais qui n’ont pas forcément d’utilité narrative immédiate.

    Et sinon, le Journal d’un ingénu (le Spirou vu par Emile Bravo) vaut vraiment le coup d’être lu.

  8. A l’occasion de Noël, Sandra m’a offert le troisième opus de l’intégral des BD signées Don Rosa (dont les deux tomes de la Jeunesse de Picsou constituent le début).

    Plus aucun rapport avec la grande saga de la jeunesse du canard le plus riche du monde, mais ça reste un grand plaisir de lire Don Rosa. D’ailleurs, a partir de ce 3eme tome, les histoires ne sont plus publiées chronologiquement in universe, mais par ordre de parution. Et les commentaires de Don Rosa sont très instructifs. Il explique notamment qu’il s’est retrouvé à faire ces BD du jour au lendemain, et a donc recopié bon nombre de dessins de Barks pour donner aux Ducks les postures dont il avait besoin dans les cases de ses histoires…

  9. merci pour cet article très complet (j’ai la chance d’avoir déjà les 3 premiers tome de l’intégrale) ! j’adore les Bd de Don Rosa et surtout ceux de la jeunesse de Picsou où l’on apprend comment le canard est devenu le plus riche du monde (devant Gripsou bien sûr^^) j’attends avec impatience les autres tomes (à priori, il devrait y en avait 7 en tout ?) sur les aventures de Picsou ! http://tresorsdisney.blogspot.com
    à bientôt ! Vincent

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