C’est toujours avec plaisir que je me plonge dans un nouvel album de la Geste. J’en attend généralement beaucoup, même si j’ai conscience que leur qualité est variable. Le dernier m’avait beaucoup plu ; quid de celui-ci ?
Une fois n’est pas coutume, j’ai déjà été séduit par la magnifique couverture, sur laquelle on peut apercevoir les yeux rougeoyants du dragon se reflétant dans la hache du chevalier. Peut-être un peu classique, mais diablement efficace !
Synopsis – La rousse Akanah et la brune Eleanor sont des chevaliers disons… atypiques. Car si elles remplissent leurs devoir, généralement avec brio, ce n’est pas sans participer (ou initier) de menus trafics, arnaques, abus de leurs entrainement au combat… Le tout couvert par nombre de boniments dont il est difficile de séparer la vérité du mensonges. Mais un jour, une nouvelle mission complexe s’offre à elles : un groupe de chevalier dragon, partiellement atteint par la peste, demande assistance au plus vite. Pour la première fois, les deux amies devront être séparées : Akanah rejoindra les plus vaillantes pour affronter le dragon, tandis qu’Eléanor portera assistance aux malades et organisera la défense des civils contre les créatures de veill. Pour l’une comme pour l’autre, ce pourrait bien être leur ultime exploit.
C’est avec surprise, mais sans déplaisir, que le lecteur habitué de la saga aura reconnu nos deux fières compères, déjà croisées dans les tomes 2 et 19. Akanah est d’ailleurs toujours armée de la Faucheuse d’Ishtar (voir également le tome 21) ; notons que si l’arme légendaire est en filigrane de l’album, elle n’en est pas du tout le fil rouge. L’on renoue d’ailleurs avec l’ambiance des tous premiers tomes, où les chevaliers ne manquent pas de courage et de loyauté, mais font preuve de morale élastique (et n’hésitent pas à user de leurs physiques avantageux).
Le scénario est somme toutes assez complexe, avec un acte I plutôt long, avant d’entrer dans le vif du sujet. Les missions s’enchainent, et leurs objectifs et sous-objectifs se multiplient ou se remplacent, demandant au lecteur une attention particulière 1. Cela est d’autant plus renforcé par la séparation d’Akanah et Eleanor en milieu d’album, doublant ainsi les arcs narratifs. A cela s’ajoutent l’intervention de deux autre organisations : les gardiens de la route (qui sont beaucoup plus approfondis qu’ils ne l’étaient dans le tome 19) et les missionerias (déjà croisées dans le tome 16).
Liant la narration au dessin, une carte des lieux de l’action nous est proposée en milieu d’album, chose rare ! Celle-ci est ensuite habilement utilisée pour alternée des vignettes représentant les personnages, et des vignettes symbolisant leurs déplacements sur la carte, de manière figurative. Une trouvaille très intelligente, même si je n’ai pas eu l’impression que cela permettait réellement de mieux se repérer dans l’espace.
Les dessins de Paunovic frôlent régulièrement le magnifique, tout en offrant des compositions audacieuses, originales, mais structurées, parfois sur de très belles doubles-pages. Il sait instaurer une ambiance parfois contemplative sans jamais être ennuyeuse, en utilisant en particulier de très longues vignettes minimalistes, symbolisant le temps ou les voyageurs qui passent. Mais les combats ne sont pas en reste ; je garderai en particulier en mémoire une incroyable double-page, présentant les sardiens en posture de défense de la route, tandis que les créatures du veill affluent. Un magnifique climax, durant lequel les enjeux sont réels puisque par nature, les personnages de la Geste peuvent parfaitement ne pas survivre !
La conclusion est attendue, mais de toute beauté. En résumé, un excellent tome, que je recommande chaudement. Pas réellement un coup de cœur, car j’en attendais beaucoup… mais je n’ai pas été déçu.
- Ou bien étais-je fatigué lors de ma lecture…?[↑]