Destins croisés dans Chevaliers Dragons #31

La Geste des Chevaliers Dragons, tome 31 : Les Hauts Faits de la Troisième Armada

Après ce léger passage en revue des 30 premiers tomes de cette saga que j’affectionne tout particulièrement, je vous propose aujourd’hui de vous évoquer le 31e tome, que j’ai (re)lu peu avant de me plonger dans le 32e (critique à venir, très bientôt).

Synopsis

Le Dragon est proche ; et la petite escouade de Chevaliers Dragons que nous retrouvons n’a que peu d’espoirs de survivre à son attaque du lendemain. Sous les étoiles, autour du feu, et avec quelques chopines à la mains, elles se partagent le récit des « Hauts faits de la 3eme Armada ». Mais chacune insiste pour alimenter le récit avec sa propre version des faits, offrant à la jeune écuyère Zia une mosaïque d’histoires progressivement concourantes.

La Geste des Chevaliers Dragons est une immense fresque, narrant les aventures d’un ordre constitué exclusivement de vierges. En effet, cette unique caractéristique permet d’approcher et tuer les dragons lorsque ceux-ci apparaissent, tout en échappant à l’influence du veil, une malédiction émise par la bête, capable de distordre la géographie, les végétaux, les animaux, et même les hommes…

Mais la Geste ne s’intéresse pas qu’aux exploits de Chevaliers affrontant des Dragons ; elle propose aussi de narrer les évènements, petits ou grands, pouvant influer sur le destin du monde. La tragédie d’un château oublié dans le Grand Nord ; une expédition incertaine dans des jungles marécageuses ; une mission visant à ramener un vaccin pour sauver un pays d’une épidémie ; une bataille qui marquera l’Histoire à tout jamais ; une décision dont l’autrice est oubliée depuis longtemps, mais aux conséquences toujours présentes…

Nous somme ici clairement dans le second cas, puisqu’il nous est proposé de nous narrer l’attaque de la ville de Menes par les bateaux Sardes, et comment le courage d’une poignée de femmes et d’hommes de bon sens pourrait en infléchir l’issue.

La narration : une masterclass

Au delà du pitch résumé ci-dessus, la grande originalité de ce tome est évidement sa narration. Loin, très loin d’une classique structure en trois actes, nous retrouvons une poignée de chevaliers partageant un feu de camp. Celle-ci sont en fait celles que nous avions croisées dans le tome 261, aussi cet album correspond-t-il à un échange qui a lieu entre les pages 30 et 31 de ce précédent tome

Mais ce prologue sert en fait de liant, et de justification à une narration qui sera morcelée, chaque narratrice apportant sa pièce à l’édifice, suivant son point de vue,mais (surtout) proposant de suivre des personnages différents. Nous avons ainsi plusieurs mini-intrigues, en particulier :

  • La désertion de la petite Méryle ;
  • Ghilad Lorta, le jeune noble voyou ;
  • Le valeureux capitaine Arkin ;
  • La préparatifs de la courageuse Griselda.

Ajoutons ce que ces quatre personnages principaux évoluent en plus dans plusieurs époques successives et disjointes, avec un maximum de 5 pour Méryle (auprès du Dragon, puis en fuite, puis mendiante à Arsalam, puis dans l’Ambassade occident, puis dans les geôles)2.

Une structure de narration très originale, pour un pari totalement réussi, et l’ensemble forme une sorte de réseau narratif global assez inédit (à mon sens) dans un unique album de BD de moins de 50 pages. Ce parti pris scénaristique n’est pas qu’une coquetterie, il est également au service de l’idée principale de l’album : ce sont les actions de chacun qui forment l’Histoire (avec un grand « H » ou non).

Il n’y a pas de héros. Il n’y a pas d’héroïne.

Chevalier Khâssi

L’ensemble converge assez naturellement vers l’attaque de la ville de Menes par les Sardes, et donc la réaction de la 3eme Armada stationnée dans son port. Néanmoins, signalons que le titre de l’album est un poil mensonger à ce sujet : le récit se focalise beaucoup plus sur les prémices de l’attaque, et pratiquement pas sur le combat naval en lui-même.

Je dois avouer que j’ai tellement apprécié la narration que je n’ai qu’assez peu étudié les dessins. Toutefois, je dois souligner une double-page simplement splendide dés le début de l’album, nous dépeignant une mer chargée, étouffée par une brume malsaine et une atmosphère électrique, alors que les vaisseaux Sardes se rapprochent inexorablement des cotes de l’empire d’occident3. Une entrée en matière totalement immersive, qui plonge le lecteur directement dans un aperçu du climax de l’album.

Pour conclure, un excellent album de BD, qui s’inscrit parfaitement dans le canon de la Geste, mais qui peut également se lire seul pour en apprécier la prouesse de narration.

  1. Dommage, c’est explicitement signalé dans un cartouche peu subtil.[]
  2. A quoi l’on peut ajouter un flashback lié à l’une des narratrices, histoire de brouiller un peu plus les pistes (qui ne le sont pas tant que cela, rassurez-vous !) []
  3. Signalons que l’ambiance de cet album se rapproche beaucoup du tome 23, qui narrait l’attaque du port de Sirtaga, bien que ce tome 31 se déroule chronologiquement bien aprés.[]

Notes

Scenario : 7 / 10
Dessin : 6 / 10
Ambiance : 8 / 10
Note moyenne : 7 / 10

En savoir plus sur l'album...

Série : La Geste des Chevaliers Dragons

Album : tome 31/31 : Les Hauts Faits de la Troisième Armada
(Histoire indépendante)

Type de BD :

Editeur :

Parution : novembre 2021

Lien : Site officiel

Taille : 48 pages

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