Nous voici à la conclusion de cette fresque de 5 tomes qui nous propose une uchronie pour le moins étonnante!
Découverte du continent de Tahuan
Après plusieurs mois de navigation, Luxley est amené dans le Palais du Grand Inca lui-même, chef des Atlantes ayant colonisé l’Europe, et sorcier aux pouvoirs phénoménaux. Guidé par la princesse Cusi, Robin va découvrir la nature de ce personnage, mais également le poids que lui-même porte sur ses épaules sans en avoir encore conscience.
C’est avec grand plaisir que nous quittons l’Europe médiévale, ainsi que l’Orient, pour découvrir désormais le continent tropical de Tahuan, berceau des atlantes. Et les dessins, toujours d’un excellent niveau, et lui rendent largement justice. C’est avec un peu de surprise que nous le découvrons sous l’averse, dans un orage ; mais une pluie que le lecteur peut ressentir chaude. Cette chaleur et la moiteur de la jungle filtre d’ailleurs à travers le dessin, et les luxuriantes faunes et flores du continent amérindien garantissent le dépaysement du lecteur. Le palais de l’Inca lui-même est très réussi, baignant dans une ambiance éthérée et vaguement inquiétante ; le lecteur pourra d’ailleurs s’amuser à regarder de près les bas reliefs qui ornent ses murs…
Une conclusion poussive
En tant que conclusion de cette série, nous ne découvrons pas de nouveaux personnages. C’est même plutôt le contraire, car à l’opposé des deux tomes précédents, ici, nous nous concentrons exclusivement sur Robin et les visions qui lui sont données. La plupart de ses compagnons et/ou alliés ne sont observés que de loin. Ce point peut laisser un peu de frustration au lecteur, qui n’aura pas vraiment le fin mot de l’histoire concernant ces protagonistes.
Car en effet, la première partie de ce tome propose une audacieuse uchronie dans l’uchronie, avec les futurs possibles et antinomiques, dont Robin a des visions. La suite de l’album nous invite à une longue conclusion en forme d’exposition très métaphysique (et j’insiste sur le trés) concernant les motivations de l’Inca et des Atlantes, et le bien fondé ou non de leur invasion de l’Europe. Mais ces visions poussent également Robin dans une longue projection dans le futur, à savoir notre présent, avec des passages très méta qui nous font même apercevoir les auteurs de la BD dans leur propre rôle. Oui, le délire va assez loin ; et sans le rejeter en bloc, il est assez déroutant ! Ses détracteurs pourraient le taxer de paresseux, même si je ne pense que c’était l’état d’esprit des auteurs. Car on y trouve en filigrane une réflexion intéressante sur les pri à payer pour que les hommes vivent en civilisation(s) unifiée, prospère, et en paix. Je me suis également demandé si, en filigrane du filigrane, il n’y avait pas une sorte de métaphore de l’impérialisme américain actuel dans cette invasion atlante de l’Europe. Mais je vais sans doute un peu trop loin.
Au final, c’est une conclusion en demi-tente que nous offre cet ultime album de la série Luxley, avec des dessins toujours au niveau, mais un scénario qui se termine un peu en queue de poisson, malgré d’excellentes idées, et un worldbuilding très réussi pour cet univers uchronique.