Dans ce dixième (et donc avant-dernier) tome de la saga, différents arcs scénaristiques se croisent, sans jamais vraiment converger… J’en distinguerais principalement trois :
Harley Quinn est en pleine remise en question (si l’on puis dire, compte tenu de la psyché du personnage). Aprés s’être retrouvé face à des admirateurs du Joker, elle convoque Shazam, qui fait pourtant partie de la garde rapprochée de Superman…
L’arc le plus court, et sans doute le moins passionnant. Le personnage d’Harley reste amusant (voire intéressant, limite touchant, mais à petite dose). Mais la « relation » qu’elle entretient plus ou moins avec Shazam reste stérile et assez inutile à mon sens, même s’il y avait sans doute matière à en faire quelque chose… au risque d’être dérangeant (rappelons que Shazam est un gamin dans le corps d’un simili-superman).
J’ajouterai une remarque concernant le charadesign de Harley… Son costume est extrêmement provocateur, voire franchement vulgaire. Pourtant, en 10 opus, à aucun moment elle n’est réellement sexualisée, ou use de ses atours. Un grand écart surprenant, mais donc plutôt réussi.
L’arc de Bizarro (et du Trickster) n’est pas particulièrement palpitant, mais n’est pas pour autant inintéressant, dans sa description de la trajectoire de deux mecs perdus au milieu de la guerre…
Echappé d’un labo de Lex Luthor, Bizarro (clone raté et déficient de Superman) essaye tant bien que mal de comprendre d’où il vient, et quelle est sa place.
Etrange au départ, cet arc scénaristique bifurque étonnamment en tragédie ! Et l’on pourrait même l’accorder au pluriel. Un bon point, qui permet de clôturer (de manière un poil décevante tout de même) le destin d’un personnage qui nous était néanmoins teasé avec peu de subtilité depuis plusieurs tomes.
Un cocktail étrange, étonnant, mais qui marche plutôt bien finalement… Bizarre !
Le dernier arc majeur gravite autour du personnage d’Alfred Pennyworse , oui, le majordome de Bruce Wayne alias Batman.
Je ne résumerai pas ce qu’il s’y passe, mais mentionnerai juste la mort marquante d’un personnage (rappelée dans le « mur du souvenir » de l’article bilan, en lien à la toute fin de cet article).
Cet arc permet de rassembler l’homme chauve-souris, mais également l’Homme d’Acier, ainsi que Damien Wayne, désormais devenu Nightwing en lieu et place de Robin. Plus étonnant, Flash y tient également un rôle majeur.
Si les péripéties ont matière à tenir en haleine, c’est peut-être les réactions et choix de ce dernier, l’homme le plus rapide du monde mais hésitant depuis le tout premier tome de la saga, qui sont les plus intéressants.
Et c’est très probablement cet arc-là qui débouchera sur la conclusion de la série dans le prochain et dernier tome.
Les dessins sont de toute beauté, en particulier la séquence de combat entre Superman et Batman (évidement sous l’effet d’une pilule kryptonienne1). L’atmosphère lourde et pluvieuse est parfaitement palpable, et les compositions des dessinateurs (qui se relaient) sont parfois à couper le souffle : certaines cases se répondent en miroirs, tandis que certaines pages s’affranchisse des ellipse d’intercase pour proposer un combat dans lequel les coups s’enchaines sans discontinuer. Du grand art.
Je regrette que ces affrontements entre les deux leaders, mêmes s’ils constituent l’un des interêts principaux de la saga, soient un peu redondants, manquent d’enjeux, et aient finalement du mal à déboucher sur de véritables avancées scénaristiques.
Le lecteur est en droit de se demander régulièrement « pourquoi ne pas définitivement en finir ? une bonne fois pour toute ? » Les scénaristes parviennent toujours, plus ou moins habilement, à ne pas répondre à la question… mais ils n’y couperons pas dans le prochain et dernier tome2.