Guri est une droide unique en son genre : elle est une réplique parfaite d’une femme humaine, et est dotée d’une conscience qui s’en rapproche furieusement. Pendant longtemps elle a été l’assassin personnelle du prince Xizor, le chef de l’organisation criminelle du Soleil Noir.
Mais l’Empire galactique est tombé, la Rébellion est en train d’installer une Nouvelle République, et le Soleil Noir est morcelé. Guri décide alors de partir en quête d’un nouveau destin : elle souhaite modifier sa programmation, afin de faire d’elle autre chose qu’une simple machine à tuer. Mais sa quête ne sera pas sans embûche, et elle-même est la proie de chasseur de prime.

Cet album nous propose de suivre les conséquences des évènements décrits dans les Ombres de l’Empire. Ainsi, il s’agit de la première partie1 de la séquelle2 du spin-off3 de la suite4 de Star Wars5. Vous suivez ? Si non, ce n’est pas bien grave…
Un récit à contre-courant du canon Star Wars
Première surprise à l’ouverture de cet album : le récit prend place après la chute de l’Empire, plusieurs mois après Le Retour du Jedi (Star Wars VI en film). Une temporalité étonnante, car l’album s’éloigne de la continuité directe des Ombres de l’Empire (ici, le comics).
Le scénario surprend (plutôt positivement) par son parti pris : peu guerrier, beaucoup d’action et un peu introspectif. Le lecteur suit Guri dans une quête identitaire où la frontière entre machine et humanité devient floue. Cette réflexion philosophique (qui reste néanmoins légère), intéressante sur le papier, apparaît décalée dans l’ambiance Star Wars, davantage habituée aux enjeux galactiques ou initiatiques, qu’aux dilemmes intimes sur la nature de la conscience…
Des personnages secondaires inégaux
Autour de Guri gravitent des figures qui enrichissent sans toujours convaincre. Parmi elles :
- Azool, nièce de Xizor, mue par la vengeance et par l’ambition de reprendre le Soleil Noir (motivations ô combien originales) ;
- les sœurs Pikkel, mercenaires au duo rigolo mais trop rapidement esquissé ;
- Spinda Caveel, scientifique obsessionnel qui fait office de savant fou basique ;
- Massada Thrumble, ingénieur en droides, au background intrigant, mais assez peu développé (il fait un peu office d’archetype de gardien du seuil) ;
- Kar Yang (et son droide Plinto), chasseurs de primes au charadesign intéressant et à la moralité intrigante.
À ces personnages s’ajoute le fameux Big Three (Luke, Leia, Han), injecté de manière artificielle en fin d’album, dans un pur (?) geste de fan service. Leur apparition illustre plutôt une volonté éditoriale de rattacher coûte que coûte l’histoire au socle iconique de la saga.
Un graphisme qui peine à convaincre
Le dessin, clair et efficace, me semble assez typique des productions plutôt bas de gamme des années 90 : couleurs criardes (mention spéciale au justaucorps mauve de Guri), manque cruel de détails… Les décors se font beaucoup trop rares et les couleurs vives n’arrivent pas à masquer la simplicité d’un style qui aurait mérité plus d’ambition. L’ensemble évoque une BD de commande plutôt qu’une œuvre aboutie de l’univers Star Wars…

Un album séduisant mais frustrant
L’objet-livre lui-même est assez étonnant : le préambule, truffé d’erreurs de français et de demi-traductions, complique la compréhension. Sans reparler de l’erreur de couverture, déjà évoquée plus haut. Des errements qui soulignent à mon sens des hésitations éditoriales entourant cet album.
Au final, ce premier tome de Star Wars – Évolution intrigue plus qu’il ne convainc. Porté par une héroïne atypique et une presque-réflexion stimulante sur la nature humaine, il souffre d’un traitement graphique trop faible et d’une atmosphère trop en décalage avec son univers d’origine. Affaire à suivre dans le tome 2…