Forever Evil #1 à #4 : quand le Mal devient routine

Garantie sans spoiler

L’article ci-dessous ne contient aucun spoiler, même mineur.

Forever Evil était un event proposé par DC Comics à la fin de l’année 2013. Le principe était de faire disparaitre les principaux superhéros de la Terre, pour mettre à l’honneur les supervilains. La Justice League est ainsi remplacée par le Syndicat du Crime (leurs alter-égo d’une réalité alternative), rassemblant sous leur houlette les principaux vilains de l’univers DC… mais certains d’entre eux ne l’entendent pas de cette oreille.

Dans cet article, je vous propose mon avis sur les 4 premiers recueil (pour un total de 7) qui furent édités par Urban Comics en kiosques, à l’occasion de cet event…

Forever Evil #1

Étant un crossover par nature, ce premier tome introduit de manière très morcelée le postulat de base de cette mini-série : la Terre est désormais aux mains de super-héros mauvais et corrompus, issus d’une réalité parallèle. On y retrouve en particulier des équivalents de Batman, Superman et Wonder Woman. Ce premier fascicule se concentre sur les points de vue d’ennemis de Flash… En particulier le groupe des Lascars dont le nom peut prêter à sourire mais qui sont pourtant relativement touchants.

Ce premier volume pose les bases avec une structure éclatée (voir mon article bilan à ce sujet, lien en bas d’article), reflet de la complexité de l’univers DC. Le lecteur habitué s’y repère, les autres devront se laisser porter sans trop chercher à comprendre. Le ton oscille entre confusion et fascination : les épisodes centrés sur l’Épouvantail ou Bane perdront la plupart des lecteurs, trop éthérés et indigestes. On devine cependant le potentiel émotionnel du groupe des Lascars, humanisés à contre-emploi.

Note : 5 sur 10.

Nota bene : À lire en écho avec les articles sur Injustice : Les Dieux sont parmi nous pour comparer les déclinaisons d’un monde DC renversé.


Forever Evil #2

Suite à l’arrivée du Syndicat du Crime, un black-out quasi complet ravage la planète, du fait de la libération des supervilains, de l’absence des superhéros et du maintien par Ultraman d’une éclipse permanente. Dans ce contexte, Lex Luthor entreprend de s’armer tandis que Black Manta se lance dans une vendetta personnelle.

Ce second recueil étend le champ du désastre intradiégétique. L’introduction s’étire, multipliant les intrigues parallèles, mais parvient enfin à faire émerger des figures qui marqueront la suite.

L’insertion d’une double page retraçant les origines du Syndicat du Crime relie habilement les différents âges du comics : depuis l’apparition dudit Syndicat à l’Age d’Argent , jusqu’au présent des années 2010. De ce fait, le dernier récit du fascicule propose le récit d’origine d’apparition de ces antagonistes, tout droit venu des années 601 ! Et le contraste entre la brutalité contemporaine et la naïveté d’antan fonctionne plutôt bien…

Le récit reste inégal (l’arc de Bane déçoit), mais le regard sur les Lascars, encore eux, apporte une sensibilité inattendue.

Note : 6 sur 10.

Pour en savoir plus sur les différents ages dans les comics, je vous renvoie vers un prochain article, publication à venir. (N’hésitez pas à vous inscrire à la newsletter du blog pour en être informé.)


Forever Evil #3

Face au Syndicat du Crime, épaulé par la Société des Supervilains, certains méchants ont quand même des raisons de se rebeller… C’est ainsi que Lex Luthor s’allie à Black Manta et quelques autres. En parallèle, Steve Trevor, patron de l’agence ARGUS, tente de retrouver le Président pour le mettre à l’abri, malgré l’effondrement des structures administratives.

Les intrigues commencent enfin à converger. Luthor, Manta2, Captain Cold, Bizarro ou Killer Frost forment une alliance fragile mais prometteuse… Pourtant, l’ensemble se dilue dans des détours scénaristiques trop commodes ; en particulier l’ARGUS de Steve Trevor, suréquipé, évoque un deus ex machina permanent (son accès à des chambres extra-dimensionnelles est extraordinairement pratique).

La narration tire en longueur, ponctuée de parenthèses historiques (Deathstroke, le Syndicat des années 603) plus anecdotiques que structurantes.

Une transition correcte, mais qui manque de souffle.

Note : 6 sur 10.

Forever Evil #4

Le groupe de Supervilains renégats mené par Lex Luthor (Bizarro, Captain Cold, Black Manta…) s’organise, et finit par rejoindre Batman ainsi que Catwoman. En parallèle, nous découvrons l’origine étonnanet et tragique de Cheetah.

Cette quatrième étape s’essouffle. Le destin de Cheetah, revisité en flashback, offre l’un des rares moments d’émotion sincère ; le reste s’enlise. Les péripéties de Steve Trevor deviennent dispensables, tandis que les Lascars affrontent Poison Ivy dans une séquence aussi artificielle que paradoxalement touchante. Touchante, le personnage de Killer Frost l’est aussi… En revanche, la transformation absurde de Bane en « BatBane » achève de casser la tension dramatique.

En bref, en ce milieu de série, le récit tangue entre sérieux et ridicule sans jamais trouver son équilibre.

Note : 4 sur 10.

Il m’est assez difficile d’évoquer les dessins car chaque recueil compile 5 récits, chacun signé d’auteurs différents (y compris dessinateurs, coloristes, et encreurs, donc). Pour autant, saluons une homogénéité globale de l’ambiance, du ton et des compositions qui servent de ciment à l’event. J’ai également relevé plusieurs double-pages somptueuses, ainsi que des compositions – sinon originales – qui rendent l’action omniprésente parfaitement lisible, entretenant le lecteur dans un déluge permanent de poings, de sang, d’éclairs et de poussières.

Ces quatre premiers volumes de Forever Evil dessinent une fresque ambitieuse mais inconstante. DC tente de bâtir un monde sans héros, dominé par ses ombres, mais l’édifice s’effrite sous la multiplicité des intrigues (un défaut inhérent au principe d’un event dans les comics américain).

Le concept – faire triompher le mal – reste fascinant, mais la narration manque de clarté et d’incarnation, quoique plutôt bien servie par de nombreuses punchlines réussies. Seuls les Lascars et quelques fulgurances (Killer Frost, Cheetah…) rappellent que, dans le chaos, l’émotion trouve parfois un refuge inattendu.

Critiques à suivre pour les tomes #5 à #7…

  1. Un peu lourd à lire, mais réellement amusant.[]
  2. Dont les motivations restent au raz des pâquerettes.[]
  3. L’on trouve en effet dans ce recueil la seconde partie de l’introduction du Syndicat du Crime, toujours dans les années 60.[]

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