Dark Patterns #1 : Gotham saigne (encore)

Affaire 1 : Lhomme blessé

Garantie sans spoiler

L’article ci-dessous ne contient aucun spoiler, même mineur.

Depuis plusieurs nuits, un serial killer sévit à Gotham City. Celui que l’on surnomme « L’Homme blessé »1 s’en prend à des hommes seuls, ayant perdu leur famille, mais dont le profil est néanmoins très différent les uns des autres. Employant un modus operandi terrifiant, il semble faire souffrir chacune de ses victimes au paroxysme, du fait d’une connaissance pointue de l’anatomie, avant de les tuer.

Mais le chevalier noir n’est pas loin, et décide d’enquêter en commençant par le passif de la première victime. Rapidement, il se trouve nez à nez avec le tueur, dont les motivations et les apparences font froid dans le dos...

Journal de planque – 2 mai 2025, 23h19

Gotham ne dort jamais, et moi non plus. Quand un tueur décide de transformer ma ville en terrain de chasse, je sais que le Chevalier noir ne tardera pas à pointer sa cape. Ce qui frappe dans Dark Patterns #1 – L’Homme blessé, c’est cette volonté de revenir à une enquête policière pure, sans véhicule clinquants, nombreux acolytes, ni technologie miracle. Une histoire qui se déroule à hauteur d’homme, ou plutôt à hauteur de flic, et où la douleur et la vengeance s’entrelacent jusqu’à devenir indiscernables.

Le récit joue la carte du polar traditionnel : meurtres en série, pistes brouillées, confrontations dans l’ombre, puissants corrompus. Pas de multivers ni de démons cosmiques ici ; juste des hommes abîmés, un commissaire fatigués, et un Batman plus humain que jamais. J’ai toujours eu un faible pour ce genre d’enquête unitaire, loin des grands arcs pompeux. On retrouve cette tension brute, celle des nuits où la ville pèse comme une enclume sur nos épaules.

Le personnage de l’Homme blessé est particulièrement marquant. Son charadesign, irréel, renforce l’étrangeté de sa présence. Il glace le sang tout en éveillant une curiosité morbide et malsaine.

« La douleur est un avertissement. Elle nous prévient quand nous allons trop loin. »

Batman

Journal de planque – 2 mai 2025, 23h47

Visuellement, c’est là que les choses se gâtent un peu. Le style graphique oscille entre l’hommage et la dissonance. Certaines planches rappellent furieusement les traits d’Un long Halloween, grandes ombres, visages distordus, aplats de couleurs, dessin faussement simple ; mais d’autres sombrent dans un surréalisme pas toujours très bien maîtrisé. Le Batsignal, par exemple, semble disproportionné dans le ciel toujours nuageux de ma ville, comme sorti d’un rêve étrange. Sans doute est-ce voulu, mais j’y vois aussi une perte d’équilibre, un flottement qui nuit à l’immersion.

Reste que le costume du justicier, simple et fonctionnel, colle parfaitement à l’esprit du récit. Peu de gadgets, beaucoup d’instinct. C’est le Batman des débuts, celui qui tâtonne encore, qui se salit les mains dans nos ruelles plutôt que de planer au-dessus. On est bien dans un polar qui sent la sueur, la nuit et la vengeance.

Journal de planque – 3 mai 2025, 00h28

L’ambiance, c’est là que tout se joue. Ce polar nocturne s’enfonce dans une Gotham poisseuse, étouffée, rongée par la culpabilité. L’auteur maîtrise le ton : chaque ruelle semble transpirer la peur, chaque planche résonne d’un écho de douleur. On sent l’influence des grands récits policiers, mais aussi cette patte gothamienne inimitable. Une ville où tous les destins sont tragiques. Le miens compris.

Le découpage audacieux (ces vignettes arrondies, ces formes presque organiques ou torturées… de douleur ?) traduit visuellement le chaos mental des personnages. Trois chapitres, trois descentes successives dans les ténèbres. Et quand la lumière du jour finit par se lever sur Gotham, on n’est pas sûr de vouloir la regarder en face.

En refermant L’Homme blessé, j’ai eu cette impression rare que la ville me parlait. Pas avec des mots, mais avec un murmure de douleur comme moteur, comme punition, comme identité, comme vengeance. Et dans cette nuit sans fin, même Batman saigne.

Quant à moi, j’y retourne. J’ai déjà trop trainé, et j’entends une sirène au loin…

Journal de planque – Dernière entrée

  1. Bizarrement appelé « l’Ecorché » sur la quatrième de couverture, un surnom plus inspiré.[]

Notes

Scenario : 7 / 10
Dessin : 3 / 10
Ambiance : 9 / 10
Note moyenne : 6.3 / 10

En savoir plus sur l'album...

Album : Affaire 1 : Lhomme blessé

Type de BD :

Editeur :

Collection :

Parution : mai 2025

Lien : Site officiel

Taille : 80 pages

Contenu : Batman : Dark Patterns #1 à #3

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.