Depuis aussi loin que j’aime la fantasy et le médiéval fantastique, il y a toujours eu un recoin peu exploité de cette « époque » (si on peut parler d’époque) qui m’a attiré : l’Orient. Bien entendu, je parle de fantastique, et je veux donc parler de l’orient magique ! Celui des 1001 nuits ; où les djinns croisent les sultans ; où les voleurs convoitent des objets magiques tels que des lampes, des jarres, des anneaux ou des cimeterres ; où les belles danseuses du ventre peuvent vous envouter autant que vous poignarder ; où les esprits du désert sont aussi dangereux que les monstres marins ou les oiseaux-rocks des hautes cimes…
Bref, je pourrais continuer longtemps, mais vous aurez compris. Sauf erreur de ma part, cet imaginaire européen de l’orient lointain 1 n’a pas souvent été utilisé dans la bande dessinée. Pourtant, il semble y avoir dernièrement un phénomène de mode, puisque plusieurs BD sont sorties il y a peu sur ce thème. Je pense en particulier à deux séries scénarisées par Arleston. La première se nomme « Tykko des Sables » et constitue l’une de séries parallèles de son célèbre monde de Troy 2. Si l’histoire n’est pas trop mal (bien qu’un peu niaise) et contient quelque rares originalités sympathiques, le dessin est très moyen, et j’avoue ne pas être allé au delà du premier tome. La seconde série à laquelle je pense est « Sindbad » dont j’ai acheté les deux premier tomes. Ici, les dessins sont franchement mauvais, mais l’histoire contient une ambiance « orientale » qui a un petit quelque chose de séduisant. Je pourrais y ajouter le dernier tome de l’excellente série Luxley, bien que le coté « oriental » tienne beaucoup plus de la réalité historique.
… Et puis, j’ai découvert « 3 souhaits » !
Commençons par signaler que contrairement à une grande majorité de ma BDthèque, « 3 souhaits » n’est édité ni par Soleil, ni par Dargaud, ni par Delcourt, mais par une petite maison d’édition du nom de « Drugstore ». Actuellement, seul le premier tome est sorti. Avant d’aller plus loin, en voici un résumé :
Le Kabyle est un haschischin. Il fait partie d’une organisation, dont les tueurs sont reconnus par tous pour leur efficacité. Guidé par Sinan, qui l’a recueillit étant enfant, le Kabyle participe a répandre la « vrai foi en Allah » même si cela doit passer par la déstabilisation de Jerusalem, alors tiraillée entre le roi chrétien Baudouin et le sultan maure Saladin. Mais lors d’une de ses missions, le Kabyle meurt… et est ressuscité. Alors prisonnier d’une lampe, il est devenu un djinn, doté de terribles pouvoirs mais contraint d’exaucer trois des souhaits de ses nouveaux maitres. Commence alors pour le Kabyle de nombreuses découvertes, entre sa propre identité et un monde enchanté dont il ignorait les règles jusqu’à présent. Sait-il seulement où cela le mènera…
Et histoire de vous allécher encore plus, voici la bande annonce officielle, en vidéo, et de très bonne qualité, m’est d’avis :
Autant vous le dire tout de suite, j’ai immédiatement été enchanté par cette BD, qui s’annonce en triptyque (peu de risque de longueurs ou de « commercialisation » de la série, donc).
Son premier point fort, comme vous l’aurez peut-être compris dans la vidéo ci-dessus, est le dessin. Simplement magnifique, les personnages comme les paysages sont de toutes beauté. Le trait est fin et précis, les couleurs vivantes sans être vives sont parfaitement maitrisées. Les jeux d’ombres et de lumières transportent le lecteur sans difficulté, entre nuits mystérieuses et déserts brulants, ou entre quartiers inquiétants et fastes des palais d’orient. En outre, les mouvements sont parfaitement rendus, à croire qu’on est au coté du Kabyle lorsqu’il exécute des acrobaties sur son tapis volant.
L’ambiance de la BD est savamment dosée. L’auteur arrive a faire vivre un univers double, quelque part entre réalisme historique (Jerusalem, Baudouin, Saladin, les croisés, les haschischins…) et Orient mythique (lampe, golems de sable, djinns, tapis volants…). On découvre le passage de l’un à l’autre en suivant le Kabyle, et la compréhension de l’univers de « 3 souhaits » ne pose aucun problème. Notons que la découpage de l’album en de nombreux flashbacks aurait pu créer une difficulté à la lecture, mais il n’en n’est rien.
Le scénario, pour finir est peut-être le point faible de « 3 souhaits ». Cette remarque est cependant à largement relativiser, car il ne s’agit là que du premier tome de la série. En plus de poser l’univers, l’auteur ne peut guère faire plus que mettre en place l’intrigue qu’il développera dans les tomes suivant. Cela n’empêche pas d’assister à de belles batailles ou de jolis rebondissements, mais l’histoire du Kabyle nécessite encore d’être creusée et approfondie.
Vivement la suite, surtout à la lumière des révélations des dernières pages…
- Car je ne suis pas certain que ces légendes soient traditionnelles des pays d’orient. Je pense qu’il s’agit plutôt de fantasmes occidentaux de l’orient. Mais à vérifier…[↑]
- En réalité, c’est une sous-série de la série parallèle « Contes et Légendes de Troy », qui contient aussi « Nuit-Safran », « Guerrières de Troy », et plusieurs autres sous-séries de qualité assez médiocre, pour ce que j’en ai lu.[↑]
Je crois ben le style « mille et une nuits » appartient plus à l’imaginaire occidental qu’à celui d’Orient. Ce qui n’empêche pas la BD d’avoir l’air sympa.
Oui, c’est ce que je voulais dire dans ma note de bas de page n°1.
Je pense que les légendes elle-même viennent bien d’orient, mais tout le folklore qu’on a construit autour découle plutôt des fantasmes des occidentaux, je pense.
Quoi qu’il en soit, je te conseille vivement cette BD !
Je la rajoute sur la Liste-sans-fin-des-trucs-à-lire.
Je fais comme Didine xD Et la vidéo roxe du poney o_O
Bah, dés que vous passez par talence, je vous le prêterai avec plaisir…
Moi aussi, j’ai été bluffé par les vidéo. J’étais dubitatif quand j’ai découvert cette vidéo « officielle » pour la sortie d’une BD, mais en fait, ça rend super bien !
Ton article n’étant pas la première bonne critique que j’ai lue sur cette BD, je l’ai achetée… Bon, c’est sympathique, mais je regrette en effet, comme toi, comme le scénario soit un tantinet léger. L’album se lit vite, parce que c’est son rythme qui le fait tenir. Bizarrement, ce n’est pas la première fois que j’ai cette impression de « vitesse » en BD récemment, je peux notamment citer Antartica : comme un film d’action, pas besoin de s’attarder sur une scène, pas de pause entre les rencontres (les flashbacks servant à faire passer les ellipses), au point que beaucoup de choses se passent dans un temps trop limité (vous y croyez, vous, que tout cela se passe en environ 48 heures ?)
ATTENTION, SPOILERS POSSIBLES DANS LA SUITE
D’autant que je ne suis franchement pas convaincu par le « jeu » avec les noms des 1001 nuits, qui fait faussement référence à ces contes – faussement, parce que la connaissance de ses contes gène plus qu’autre chose la compréhension du récit, dans la mesure où les auteurs ne font que prendre les noms des protagonistes et quelques éléments sans tenir compte du reste du conte… Quel intérêt, de dire qu’intel est Ali Babba et intel Aladdin, s’ils n’ont strictement aucun point commun avec les personnages des contes ?
D’ailleurs, sur 1001 contes, pourquoi avoir choisi d’évoquer seulement les 4 ou 5 que la « culture générale » occidentale a retenu est grandement affaiblis ? Pour moi, ça fait trop « truc » de scénariste, sorte de « deux ex machina » qui réaffirme au lecteur « oui oui, on est bien dans la mythologie orientale, vous voyez » – A cause de ça, ce qui n’était qu’un constat de Didine, et pas nécessairement une critique négative, devient au contraire franchement visible et donc « lourd »…
En fait, pour ma part, je l’ai lu en deux fois, donc je n’ai pas eu la même impression que toi de « rapidité’. Mais je vois tout à fait ce que tu veux dire.
REPONSE AUX SPOILERS :
En fait, je n’ai pas compris la présence de ces personnages comme toi. Je pense que le parti pris de l’auteur est le suivant : vous croyiez connaitre Ali Baba et Aladdin ? Vous pensiez que c’était des gentils héros de comptes ? Que nenni ! En réalité, il s’agit de djinn très puissants qui s’affrontent depuis longtemps. Je vais vous raconter leur vrai histoire…
En gros, les contes des 1001 nuits sont une déformation de l’histoire de « 3 souhaits ».
C’est pour cela que l’auteur a d’ailleurs pris les personnages des 1001 nuits les plus connus ! Sinon, il ne pourrait pas prétendre nous « raconter la vraie histoire » de personnage qu’on ne connait pas à la base.
Au passage, je ne sais pas combien il y a de contes dans les « 1001 nuits ». Pas 1001, car si j’ai bonne mémoire, certains contes s’étalent sur plusieurs nuits (typiquement, les 7 voyages de sindbad se déroulent sur 7 nuits).
Les contes incluent aussi des poèmes brefs, donc même si évidemment on n’a pas « une nuit = un conte », je crois me souvenir qu’il y a peu ou prou un millier quand même…
Les mille et une nuits est un recueil d’origine persanne, non ? Dans ce cas, on ne peut pas dire qu’il s’agit de fantasmes occidentaux sur l’orient. Enfin, à vérifier aussi, je suis loin d’être spécialiste.
Pas encore eu le temps de lire cette BD, mais je note dans un coin de ma tête qu’il faudra que je le fasse 🙂
Tu m’en diras des nouvelles ! 🙂