Cela fait longtemps que je parle de la série de BD « Les Mondes d’Aldebaran » de Leo, sur mon blog. Par contre, ne cherchez pas de catégorie ou d’article a ce sujet : il n’y en a pas, et j’en suis le premier surpris. Finalement, je n’ai jamais pris le temps de vous présenter cette très bonne série de BD. Il faudra que je le fasse, et comme ce n’est pas le propos du jour, je me contenterai d’un très rapide rappel.
Les cycles
La série des Mondes d’Aldebaran se compose (actuellement) de quatre cycles :
- Aldebaran : Où l’on suit les aventures de Marc et Kim, enfants de colons sur la lointaine planète Aldebaran, abandonnée par la Terre depuis près d’un siècle (après la perte du vaisseau colonial « Tycho Brahe »). Excellente série de 5 tomes.
- Bételgeuse : Kim fait partie d’une équipe de secours envoyée vers Bételgeuse pour découvrir ce qui est arrivé aux premiers colons envoyés sur place. Un cran en dessous du premier cycle (surtout le final) mais reste de très bons albums.
- Antares : Kim et sa fille sont de nouveau envoyés vers une nouvelle planète, Antarès, et font cette fois partie des premiers colons. Elle devra faire face à d’étranges phénomènes. Quatre tomes sont sortis actuellement sur les 5 prévus. Le dernier sera forcément capital dans l’appréciation de l’ensemble, mais ce cycle me semble nettement en dessous des précédents.
- Survivants – Anomalies Quantiques : Cette série parallèle aux trois précédents cycles est apparue contre toute attente. Elle propose de suivre les aventures de quelques rescapés du vaisseau Tycho Brahe (précédemment cité).
Et c’est donc de ce dernier cycle, relativement indépendant des autres, que je vais vous parler.
De la longueur du titre
La première chose qui me gène, dans ce cycle, c’est la longueur de son nom ! C’est idiot, hein ? Mais le dernier tome actuellement sorti se nomme donc :
Les Mondes d’Aldebaran, Survivants – Anomalie Quantiques, Episode 2
Ça fait un peu long… En fait, ce qui surprend le plus, c’est le titre du cycle, en deux parties. Pourquoi ne l’avoir pas simplement appelé « Survivants » ? Ou « Anomalies Quantiques » ? Deux hypothèses : soit Leo n’a bêtement pas réussi à trancher entre les deux titres possible et a donc conservé les deux, soit il a anticipé le fait qu’il pourrait y avoir d’autres cycles parallèles similaires à celui-ci (dont les titres aurait un élément en commun, du genre « Revenants – Anomalies Quantiques » ou alors « Survivants – Dimensions parallèles »).
Mon avis
Vous l’aurez compris, ce cycle compte actuellement deux tomes. Il est donc assez difficile d’en faire une critique sans connaître le fin mot de l’histoire. Je vais quand même essayer, avec un minimum de spoiler.
Nous suivons donc un groupe de survivants échoués sur une planète inconnue, sans aucun possibilité de retour sur Terre. Si ce thème est assez récurant d’un cycle à l’autre de la série, il prend une dimension un peu nouvelle dans Survivants. Ici, la précarité du groupe saute aux yeux très tôt. Nourriture, eau, hygiène, abris, les thèmes classiques de la survie sont abordés, mais avec plaisir sous la patte de Léo. Les personnages manifestent bien sûr chacun sa personnalité et les étincelles ne se font pas attendre (les scènes cases de sexe aussi, toujours assez mal amenées, je trouve, c’est un défaut récurrent de l’auteur).
Ne vous y trompez pas, si le résumé et le titre du cycle font très SF-robot-vaisseau-spatial, les personnages devront rapidement se contenter d’un simple et unique fusil. On retrouve ainsi une ambiance similaire au premier cycle (Aldébaran) : des humains complètement démunis sur une planète étrangère et dangereuse.
Passé la première partie du tome 1, il faut cependant reconnaître que l’histoire peine à décoller. Dissensions dans le groupe, séparations, retrouvailles, on lit l’histoire avec plaisir mais sans grande implication.
Étonnamment, dans ce cycle, Leo est assez avare avec ce en quoi il excelle d’habitude : une faune et une flore totalement déjantées. Ici, à quelques exceptions près, on se sent dans une forêt profonde tout ce qu’il y a de plus terrienne.
Toutefois, l’auteur surprend une deuxième fois en s’attaquant à un morceau qu’il avait évité dans les trois cycles précédents : des races extraterrestres intelligentes. On en rencontre deux dans le premier tome. Rencontres intéressantes quoi que pas non plus renversantes, les deux races en questions étant des humanoïdes aux dessin peu inspirés. La fin du premier épisode ne m’avait vraiment pas convaincue, et pourtant… elle est expliquée intelligemment dans le début du second tome.
On y découvre que nos survivants ne sont clairement pas les premiers à s’échouer sur cette planète ! De nombreux voyageurs stellaires se sont déjà crashé à des époques plus ou moins reculées, donnant naissance à autant de civilisations plus ou moins arriérées. Ainsi, les autochtones sont habitués à voir de nouveaux arrivants débarquer de l’espace.
Ce second tome est très bon sur toute sa première moitié, rapport à ce que j’ai indiqué dans le paragraphe ci-dessus. On notera aussi une violence accrue, par rapport aux cycles précédents (morts violentes, sang…). Le troisième quart est tout simplement génial, notamment de par une case en particulier, qui résonne comme un coup de tonnerre et annonce un arc scénaristique novateur par rapport à ce que Leo a fait jusqu’à présent. Je suis par contre un petit peu plus circonspect sur le dernier quart. Le-dit arc me semble trop vite exploité.
Wait & see dans le prochain épisode…
Je suis d’accord avec toi sur l’ensemble : le premier cycle était excellent, et les deux suivants beaucoup moins bien (je n’ai pas lu Survivants). En fait, je trouve que ça traîne en longueur : on n’a presque rien appris sur la mantrisse au bout de trois cycles, ça commence à bien faire.
Ben, c’est l’effet que m’avais fait le second cycle… Mais avec le troisième, je me suis dit qu’il valait mieux se centrer sur l’histoire et l’action, que sur la découverte de la mantrisse. Et du coup, ça passe assez bien ! Quelque part, la mantrisse n’est qu’une prétexte pour mettre les personnages dans des situations diverses, et observer leurs comportements. Après, je suis d’accord que ce même schéma sur 4 cycle, ça fait potentiellement long. Mais Survivants varie un peu, sur ce point.
Il va falloir que je relise les 2 tomes, parce que j’ai du mal à voir à quoi tu fais allusion exactement quand tu parles d’un « arc scénaristique novateur par rapport à ce que Leo a fait jusqu’à présent ».
De mémoire, j’avais apprécié la lecture de Survivants : c’est prenant, on a envie de connaître la suite, de savoir comment la cohabitation entre les différentes races va se passer. Par contre, je reproche la même chose qu’aux autres BD de Leo : des histoires de fesse tout à fait dispensables, des situations triviales sans grand intérêt (l’adolescente qui a peur de s’éloigner du groupe pour faire pipi… si encore il y avait un pan important de l’histoire centré sur l’évolution de ce personnage, mais même pas), et des états d’âmes pas toujours très bien amenés.
Effectivement, c’est une oeuvre qui marque la SF en BD franco-belge, c’était un manque de ne pas en avoir vraiment parlé…. mais t’inquiète pas Ekho, on t’en veut pas ! 😉
Sur la baisse globale de qualité de cycle en cycle, je suis de manière générale d’accord, mais de manière moins linéaire : certains tomes de Bételgeuse sont vraiment très bons, même si la fin est décevante.
Les situations « triviales » liées à l’adolescence étaient là dès le début (Kim qui a ses premières règles, c’est le tome 1 d’Aldébaran si je ne me trompe pas) , hein, et quoi qu’absolument sans importance pour l’intrigue générale elles sont très importante pour les personnages – j’irai donc pas jusqu’à les dire dispensable, le choix par l’auteur était de narrer le récit d’un point de vue interne et psychologique plutôt que d’un point de vue externe et héroïque, donc ces scènes psychologiquement « réalistes » sont tout à fait justifiées.
Quand au sexe… Forcément, ça reste un tabou dans notre culture, alors qu’ici l’auteur les introduit souvent abruptement sans aucun avertissement, et sans aucune « esthétisation » (adapté au cinéma, ce serait du porno pur et simple). D’où un malaise compréhensible chez le lecteur. Mais faut savoir prendre du recul, ces scènes érotiques ne sont pas toujours mal-amenées – c’est quelque fois le cas mais faut pas exagérer. Que nous en tant que lecteurs n’ayons pas forcément envie d’en voir, surtout qu’elles ne font que rarement avancer avancer l’intrigue, c’est une chose, mais certaines sont quand même pas là pour rien (sans spoiler vraiment, la fille de Kim n’est pas née dans une rose). Après on aurait pu les évoquer en ellipse, Léo a fait le choix de les montrer de manière très crue, c’est sa ligne éditoriale – faites pas comme si au bout de trois cycles et un spin-off vous étiez pas au courant !
(Arf mince, j’ai posté trop vite, désolé pour le double poste)
Dernière chose : je vois mal en quoi la violence s’est « accrue »… On a quand même des scènes particulièrement trash qui marquent à vie dès le premier cycle, personnellement j’oublierai jamais le coup de l’amputation faite avec les dents…
@ Eldermê:
[SPOILERS]
Je pensais au voyage dans le temps.
Et je trouve qu’il est trop vite exploité, en faisant vieillir certains personnages de 6 ans en quelques pages. Mais on verra bien où ça nous mène.
[/SPOILERS]
@ DarkPara:
Je suis d’accord avec toi : certains tomes (le premier notamment) de Bételgeuse sont très bons. Mais la qualité moyenne des cycle baisse indubitablement.
En effet, contrairement à Aude, les situations liées à l’adolescence était là dés le départ et participent à l’atmosphère réaliste de la série, je pense. Dans le premier tome d’Aldébaran, on avait aussi Marc qui essayait de dragouiller maladroitement la journaliste qu’il transportait au bout de quelques lignes de dialogues.
Concernant les scènes de sexe, par contre, de mon point de vue, elles reste surtout racoleuses (tu noteras que l’intimité des femmes est dessinée, mais jamais celle des hommes). Et même du point de vue des personnages, je les trouves assez inutiles dans leurs progressions. Après, je ne suis pas du tout contre le sexe dans la BD. Je les trouve juste très maladroites et donc assez peu intéressantes.
@ DarkPara:
Certes. Moi aussi, la scène de l’amputation est restée longtemps dans mon esprit la première fois que je l’ai lue. Maqis elle restait très suggérée ! Dans survivants, on a des morts violentes clairement dessinées, et pas mal de sang, je trouve. Après, c’est peut-être une impression…
(En outre, l’amputation est légèrement atténuée par la repousse de la main d’Alexa…)
PS : Axiome numéro deux du blog :
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Non le sexe ne me dérange pas par rapport à un quelconque tabou, mais parce que je trouve que beaucoup de scènes ne servent tout simplement à rien pour l’histoire, si ce n’est du racolage.
Dans le 2ème tome du Bois des Vierges (excellente BD au passage), il y a une scène très chaude, particulièrement explicite (pas du porno non plus, mais on en voit largement autant si ce n’est plus que dans du Leo ; cela dit elle ne passerait pas au cinema), qui s’étale sur plus de 2 pages. Cela ne m’a pas choquée parce que cette scène a clairement sa place, elle est logique, et c’est d’ailleurs un passage clé de la BD. De même dans Murena (excellente série aussi !), il y a des scènes très crues, mais cela ne me choque pas, parce que ça n’arrive pas comme un cheveu sur la soupe.
Chez Leo, souvent c’est comme si en plein milieu d’une discussion entre 2 potes à propos du dernier film vu au cinéma (ou tout autre sujet n’ayant rien à voir avec le sexe), il y en avait un qui s’écriait « et au fait, et si on baisait comme ça pour voir » ? Bien sûr, toutes ces scènes ne servent pas à rien, loin de là. Mais certaines oui. Par exemple, dans le tome 2 de Bételgeuse (qui s’intitule d’ailleurs aussi « les Survivants » !), qu’apporte la scène entre Inge et Hector près du bassin ?
Maintenant je ne fais pas comme si je n’étais pas au courant ! Ça ne m’empêche pas de penser que ce n’est pas l’aspect qui me plait le plus dans les BD de Léo.
D’accord pour la violence par contre : ce n’est pas une nouveauté, elle est présente depuis le début. Dans Aldébaran, il y a aussi la scène où Alexa se bat contre les policiers dans les toilettes, Li (par sûre du prénom) qui se fait emporter par une bestiole et en garde des blessures pas vraiment belles. Dans Bételgeuse, je garde aussi un souvenir de l’horrible bestiole avec son harpon qui sort du ventre qui « accueille » l’expédition de Kim.
@ Ekho:
La mantrisse est peut-être un prétexte, mais elle est aussi ce qui pourrait relancer l’intérêt de la série. Parce que la faune extra-terrestre, c’est génial à voir, mais au bout de trois cycles, la surprise s’est épuisée : on sait qu’on va voir des bestioles bizarres et dangereuses, que les héros vont s’en prendre plein la gueule et quelques personnages secondaires vont se faire tuer…
Il ne faut pas négliger la méta-intrigue dans une série : c’est elle qui tient en haleine sur la longueur, même si certains épisodes se révèlent moins bons. Et dans Aldébaran, il me semble que la mantrisse jour ce rôle. Il faudrait quelque chose à se mettre sous la dent pour continuer.