Jonas et Jason sont deux jumeaux dotés de pouvoirs supra-sensoriels qu’ils utilisent conjointement. Au service d’une entreprise nommée Winguard, ils identifient des personnalités mystérieusement reliées entre elles. Leur mission principale est de les localiser, avant que la Winguard ne les prenne en charge et assure leur protection et leur sécurité.
Mais la réalité semble plus complexe que les apparences. Et est-ce que Jason ne cacherait pas toute une partie de leur mission à son frère ?
Difficile d’évoquer le scénario de cet album sans spoiler l’ensemble de la série… Et pour cause : cet album repose sur un système d’interconnexions entre tomes et personnages, qui est le principe même de la série Alter Ego. Comme souvent dans cette saga chorale, les faux-semblants, les trahisons et les renversements de situation jalonnent un récit au rythme soutenu.
Le duo Jonas/Jason, fondé sur une symbiose surnaturelle et une complémentarité des personnalités, fonctionne parfaitement bien. L’un est lumineux, l’autre plus sombre. L’un sourit, l’autre doute et cache…
Le récit nous entraîne d’un continent à l’autre – Singapour, Zambie, Moyen-Orient – et tisse une toile internationale aux résonances paranoïaques, complétant ainsi parfaitement les autres albums, en utilisant les mêmes codes. Remarque inverse sur la forme : le présent album exploite peu de flashbacks, contrairement aux autres.
Le style graphique, simple et nerveux, sert bien le récit mais peut parfois induire un léger flottement, notamment dans l’identification des jumeaux lorsque leurs habits ou l’obscurité ne permet pas bien de les distinguer. Le dessin de leur coupe de cheveux et aussi un peu étonnant (difficile à décrire), mais l’on passe rapidement outre. Les compositions sont efficaces, mais globalement sans originalité.
Les personnages secondaires, comme Suzane ou Kaijin, élargissent avec justesse le spectre narratif, préparant en creux (ou pas) la connexion avec d’autres albums (Camille, notamment).
Ironiquement, l’album « Jonas » nous parle surtout de Jason. L’introspection, le doute, la (dé)pression et la solitude de ce dernier sont au cœur de l’intrigue. Jonas, plus jovial, n’en reste pas moins une pièce maîtresse de l’échiquier. Une manière subtile de traiter la dualité, en trompe-l’œil.
En bref, un excellent album, auquel la présente critique ne rend pas bien justice, la faute à des interconnexions au reste de la série qui en dévoilerait trop sur l’intrigue globale.
