Le comics chroniqué dans l’article ci-dessous s’inscrit dans un projet plus global : les Ombres de l’Empire, a été pensé comme une œuvre trans-média incluant un roman, un jeu vidéo… et donc le présent comics. L’ensemble constitue une mosaïque du récit global, sans que chaque média soit une répétition de l’un ou de l’autre. Pour en savoir plus, voyez cet article dédié.
Le pitch
Boba Fett , le chasseur de prime le plus célèbre de la galaxie, viens de capturer Han Solo1. Son l’objectif désormais est de le ramener à Jabba, célèbre gangster de la bordure de la galaxie, pour toucher sa prime. Mais ce ne sera pas simple, car de nombreux autres chasseurs de primes sont à ses trousses, et espèrent mettre la main sur Solo avant sa livraison.
Pendant ce temps, Luke et Léia mènent leur propre enquête, afin de retrouver la trace de Solo et le délivrer de sa prison de carbonite. Néanmoins, il découvrent que Luke lui-même est désormais la cible d’assassins. Pourtant, Vador semble clair : il veut Luke vivant. Quelqu’un d’autre en veut donc à sa vie ; pourrait-il s’agir du Soleil Noir, la plus puissante mafia de la galaxie ?

En 1996, quand les « Ombres de l’Empire » sont sortis, j’étais complètement le cœur de cible : adolescent un peu geek 2, fan de la trilogie Star Wars (Eh oui, à cette époque, il n’y avait que 3 films !) et avide de son univers étendu.
Cet univers étendu, à l’époque en France, il existait presque uniquement en romans (et un poil en jeux vidéos). C’est donc ainsi que j’avais lu le roman des Ombres de l’Empire. De mémoire, je l’ai lu peu après la trilogie de Thrawn en roman (également adaptée en comics3). Et c’est donc presque trente ans plus tard que je me suis plongé dans ce comics…
J’avais gardé un très bon souvenir du roman, même si j’avais conscience qu’il n’était pas parfait, et je dois être honnête : j’ai été assez déçu par le comics.
Une histoire triple

Celui-ci prend donc place immédiatement après le film Star Wars Episode V (L’Empire contre-attaque) et cela nous est rappelé dans une très brève préface. L’on découvre ensuite une histoire plutôt intelligente autour de la double mise à prix de la capture de Luke : Vador le veut vivant, Xizor le veut mort. Autour de ce paradoxe gravitent de nombreuses factions : l’Alliance Rebelle et l’Empire, bien sûr, mais aussi le clan de Jabba le huth, la mosaïque des chasseurs de primes et le Soleil Noir (petit nouveau, : la plus puissante mafia galactique à la tête duquel l’on retrouve le prince Xizor).
Deux primes sur ma tête. On me veut mort et vif.
– Luke Skywalker
Le scénario nous propose de suivre trois arcs en parallèles (des parallèles qui se croisent plus ou moins, bien évidement) :
- Léia tente de sauver Han des mains de Boba Fett, puis s’infiltre dans le Soleil Noir pour découvrir qui en veut à la vie de Luke ;
- Luke aussi tente de sauver Han (devenu un McGuffin dans la première partie du récit), puis volera au secours de Léia ;
- Boba Fett tente de livrer Han à Jabba malgré les pièges des autres chasseurs de primes ;
- A cela, on pourrait également ajouter :
- Xizor qui tente de s’attirer au mieux les faveurs de l’Empereur ;
- La récupération des plans de l’étoile de la Mort par les bothans ;
- L’infiltration de Jix (agent de Vador) dans le palais de Jabba.
En à peine plus de 150 pages, on peut deviner le principal défaut de cet album : trop d’informations à y mettre pour un média trop court. En résulte d’évidents raccourcis scénaristiques (comme la manière dont Léia décide d’infiltrer le Soleil Noir), survols de sujets importants (le vol des plans de l’Etoile de la Mort ou l’étrange décision de lancer toute une partie de la flotte rebelle uniquement pour sauver Han), le manque d’introduction d’éléments clefs (les personnages de Dash Rendar ou Guri)… Et cela se ressent !
Bien sûr, l’on pourra objecter que certains trous scénaristiques s’expliquent par la nature fragmentée, multimédia et complémentaire des œuvres qui composent les Ombres de l’Empire. N’en demeure pas moins que le comics en lui-même a du mal à contenir une histoire complète à lui seul ; même si aucun trous béant, contresens ou incohérence n’est vraiment à déplorer.

Les personnages
La galerie de personnages proposée reste toutefois très intéressante. En plus de nous montrer à quel point Boba Fett est un chasseur de primes badass, nous retrouvons bien sûr le big three, ainsi que Chewbacca, Lando, R2D2 et C-3PO. Mais plusieurs nouveaux nous sont introduits :
- Xizor4, retord et vicieux mais intelligent, est le puissant dirigeant du Soleil Noir. Sont objectif est de discréditer Vador aux yeux de l’Empereur, afin d’acquérir toujours plus d’influence. Son espère émet des phéromones sexuelles lui conférant d’incroyables pouvoirs de séduction ;
- Guri, le bras armé de Xizor, est une androide à l’apparence humaine (la seule de l’univers de Star Wars, à ma connaissance) ;
- Jix, anti-héros et agent de Vador, est un homme à tout faire, habitué des endroits les plus mal famés de la galaxie. Sa mission est d’empêcher la mort de Skywalker (et idéalement le capturer) ;
- Dash Rendar est un contrebandier au grand cœur, sorte de copie de Han Solo pour l’occasion. Tant qu’il est payé, il aidera nos héros (et évidement, un peu plus qu’il ne le devrait) parfois tel un deus ex machina maladroit.
Pour ce qu’on en sait, ce ne sont qu’un ramassis de criminels dégénérés et de bannis. Vous devriez y trouver l’âme soeur.
– Dark Vador
Un dessin qui a vieilli…
…et cela se voit avant même d’ouvrir l’album ! La couverture, en effet, est assez laide, avec des illustrations mal détourée et hétérogènes.
Trés typé des années 90, le dessin est globalement criard, faisant appel à toute la palette de couleurs perceptible par l’œil humain (et non-humains aussi, probablement). Mention spéciale aux gardes du palais de Xizor (aux casques hallucinants et aux magnifiques uniformes mauves), qui feraient pâlir les méchants des Power Rangers…
Sans être mauvais en soit, le dessin s’affiche efficace mais sans âme.

Et décors assez pauvres
Les actions sont lisibles, mais sans tension. Les personnages sont reconnaissables au fil de l’album, mais ne transmettent aucune émotion ; notons d’ailleurs que Luke et Léia sont particulièrement peu ressemblants à leurs interprètes des films 5 et dotés de visages globalement laids. Les décors sont presque tous vides ou peu recherchés.
De manière générale, la composition est utilitaire : compréhensible, académique, mais sans aucune inventivité.
Pourtant, l’on notera une magnifique galerie de couvertures en fin d’album, signée Hugh Fleming, le cover-artist de cette minisérie (aux USA, elle fut publiée en 6 fascicules).
Conclusion
La lecture des Ombres de L’Empire n’est pas un calvaire, mais est assez dispensable, surtout si vous avez le roman sous la main. En revanche, le comics est un vestige notable d’un projet multi-média ambitieux et risqué, le fameux « film sans film » (traité dans mon article précédent, également évoqué dans la postface de l’album) ce qui en fait un bel objet rien que pour cela.
Notez que ce comics a lui-même eu une suite nommée très originalement « Evolution » (toujours en comics) ! Critiques à venir sur le blog sous peu…
- Évènement relaté dans Star Wars Episode V : L’Empire contre-attaque.[↑]
- A une époque où ce concept était loin d’être cool… et où le mot « geek » n’existait d’ailleurs simplement pas.[↑]
- Notez que là, il s’agissait bien d’une adaptation des romans en BD, et non un projet global comme c’était le cas pour les « Ombres de L’Empire »[↑]
- Déjà dans les années 90, je trouvais ce nom un peu ridicule.[↑]
- Respectivement Mark Hamill et Carrie Fisher.[↑]