Moréa échappe à ses ravisseurs (cf. tome précédent) et découvre toute une civilisation cachée sur Mars, et peuplée d’anges, ses ennemis, puisqu’elle-même fait partie des dragons. Parviendra-t-elle à revenir sur terre ?
C’est en tout cas ce que s’efforce d’assurer le chevalier Terkio, de son côté. Aidé de Théo, il se lance seul à l’assaut de la station lunaire des anges.

Ce troisième tome confirme que Moréa prend ses distances avec ses racines cyberpunk pour plonger dans une science-fiction plus lourde et cosmique (serait-ce parce qu’Arleston se voit épaulé par un second scénariste à partir de ce tome ?). On y découvre des concepts ambitieux comme l’introduction des anciens astronautes venus de Mars, l’usage de portails de téléportation et la différenciation des pouvoirs entre dragons immortels et anges plus vulnérables. Ces éléments enrichissent le lore, mais contribuent aussi à brouiller une intrigue principale déjà peu claire.
Si le récit mené par Terkio captive par son action, l’ensemble souffre d’un excès de ramifications : luttes de pouvoir entre Théo, Grégoire et Lara, rébellion en Afrique australe, antagonisme incarné par le noble Imanos. Ces sous-intrigues apportent de la matière mais obscurcissent les objectifs des deux camps. Et une nouvelle question se pose : les anges et dragons – qui s’écharpent pour infléchir le destin de la Terre – viennent-ils du passé ou du futur ?
Le charadesign de l’album reste d’une lisibilité exemplaire, et les scènes d’action conservent une fluidité appréciable. On notera toutefois un choix discutable : Moréa apparaît plusieurs fois dénudée (totalement), ce qui me semble plus racoleur que narratif. Malgré cela, le style soutient efficacement le récit, donnant à l’album une esthétique claire et engageante. Et étonnamment agréable à suivre.
Le basculement du cyberpunk vers une tonalité de space opera change radicalement la perception de la série (et sans doute pas pour le meilleur). Ce tournant peut séduire les amateurs de sagas interplanétaires, tout en désorientant ceux qui étaient attachés aux origines plus technophiles…