Batman NML #6 : reconstruire Gotham, brique par brique

Attention : Spoilers de niveau 4/5 !

L’article ci-dessous contient des spoilers : beaucoup de révélations sur l’œuvre, y compris sur des aspects majeurs de l’intrigue et des twists importants ; mais sa conclusion n’est pas abordée, ou de manière masquée (clic nécessaire de la part du lecteur pour y accéder).

Nightwing est en convalescence au QG de Oracle, alias Barbara Gordon, quand ils se font attaquer par les forces de Bill Petit, une faction dissidente des « gars en bleu », ce qu’il reste des flics de Gotham.

De son côté, Catwoman règle ses comptes avec Lex Luthor, l’empêchant en particulier de déployer des projets pour la résurrection de Gotham.

Mais c’est bien autour de ce dernier, machiavélique businessman venu de Metropolis, que le destin de la ville en ruine orbite… à la plus grande méfiance de son Chevalier Noir.

Je ne suis pas un super-héros, moi. Juste un type du bâtiment. J’ai bossé sur des chantiers à Blüdhaven, à Metropolis… mais jamais je n’aurais cru poser mes caisses à outils à Gotham, encore moins sous contrat avec Lex Luthor. Quand il est arrivé avec ses promesses de béton et de redressement, j’y ai vu une chance. Comme beaucoup.

Mais entre deux coulées de fondations, on voit bien que le ciment de cette ville, c’est autre chose. Et ce tome 6 de No Man’s Land, il le dit mieux que personne.

Ce volume, c’est la fin d’une époque. Pas juste celle des ruines, des gangs, des cendres de l’ancienne Gotham. C’est aussi la fin de la naïveté. Et la fin de la saga.

D’un côté, y a Batman — planqué au début du récit, planificateur silencieux — qui revient comme une ombre. De l’autre, y a Luthor, costard bien taillé, idées bien troubles. Ce qui est fort, c’est que l’album ose montrer un Lex crédible : ses manœuvres donnent de l’espoir aux habitants. Il promet l’électricité, l’eau, les logements. Il a l’opinion public avec lui ; il achète des âmes. Et je le sais, moi, j’en fait partie. Car dans une zone sans loi, tout est permis…

Pendant ce temps, d’autres se débattent dans ce qu’il reste des rues :

  • Nightwing (blessé) et Oracle (handicapée), affaiblis, se battent avec ce qu’il leur reste, et avec panache.
  • Robin quitte Gotham dans un départ très anecdotique1 (et c’est dommage pour le jeune prodige).
  • Catwoman joue sa partie, plus rusée que jamais, et offre au récit un vrai contrepoint léger et rythmé.
  • Azrael et Batgirl sont sur les traces du Joker, sans grand succès.
  • Et puis il y a Bill Petit… Un flic devenu chef de gang, avec Huntress sous sa coupe. Un homme droit devenu pire que les criminels. C’est peut-être lui le vrai méchant de ce dernier tome…

Mais ce que je n’oublierai pas, c’est la mort de Sarah, la femme du commissaire Gordon. Le Joker lui a tiré dessus. Simple. Brutal. Saisissant. C’est pas une explosion de super-vilain, pas un duel sur les toits. Juste une balle. Et un homme détruit. Finalement, je me corrige, le vrai méchant, c’est bien le clown, prince du crime.

Faut-il nous quitter sans espoir
Sans espoir de retour ?
Faut-il nous quitter sans espoir
De nous revoir un jour ?
Ce n’est qu’un au revoir, mes frères,
Ce n’est qu’un au revoir.
Oui, nous nous reverrons, mes frères,
Ce n’est qu’un au revoir.2

La chanson qui clôt l’album, résonne comme une oraison. C’est pour Sarah. Mais c’est aussi pour cette ville. On quitte quelque chose. On repart ailleurs. Comme moi et mes chantiers… Comme cette saga du No Man’s Land finalement, qui aura durée sur plus de 2000 pages.

Visuellement, le tome souffre — ou bénéficie — d’une multiplicité de mains. Les styles graphiques varient, mais c’est moins criard que dans les volumes précédents. Les décors restent excellents, notamment les visions de Gotham en ruines, les clairs-obscurs dans le QG d’Oracle, les paysages enneigés. Et un carnet de couvertures en fin d’album est toujours appréciable (tout comme l’édito qui nous résume les 5 – très gros – épisodes précédents).

Certains chapitres du début laissent des intrigues ouvertes (comme celle des CD volés ou les enjeux autour du personnage Mercy), mais le dernier acte du tome parvient à clôturer l’ensemble de manière satisfaisante. Comme une fin de chantier bien fait ; et je m’y connais. Le découpage en courts arcs de deux ou trois chapitres donne une vraie respiration au récit, malgré un début de volume plutôt mal placé (un flashback censé expliquer l’absence de Batman au tout début de la saga, mais qui nous éclaire autant qu’un électricien manchot).

Je suis venu à Gotham avec un plan de reconstruction, comme Lex. Je repars avec autre chose. Un peu de désillusion… Un peu de fierté… Parce que malgré les super-vilains, les flingues, les ruines, y’a encore des hommes et des femmes qui restent debout. L’espoir. Le Renouveau. Pour sûr, c’est ce que j’en retiendrai.

  1. Puisque de toute façon il revient trés vite.[]
  2. Notez que la traduction française a retenu la version des Scouts, et non la version plus officielle et proche de la chanson d’origine, qui est Ecossaise.[]

Cette critique est en lien direct avec l'article "No Man's Land : Gotham, cité détruite...", à paraitre prochainement. Pour ne pas rater sa publication, inscrivez-vous à la newletter !

Notes

Scenario : 7 / 10
Dessin : 6 / 10
Ambiance : 8 / 10
Note moyenne : 7 / 10

En savoir plus sur l'album...

Série : Batman No Man's Land

Album : tome 6/6 : No man's land tome 6
(Histoire liée au reste de la série)

Type de BD :

Editeur :

Collection :

Parution : octobre 2015

Lien : Site officiel

Taille : 376 pages

Contenu : No Man's Land #0 ; Nightwing : #38 et #39 ; Catwoman : #76 et #77 ; Robin #73 ; Azrael : #60 et 61, Batman : #573 et #574 ; Detective Comics : #740 et #741 ; Legends of the Dark Knight #126 ; Shadow of the Bat #94

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