À la poursuite de Grégoire Nonce qui l’a trahi et s’est directement attaqué à la DWC, Moréa se rend en Afrique, accompagné de Terkio, Théo et Am’nta. Toutefois, Nonce s’est rapproché des rebelles locaux, et l’avion de Moréa est abattu. Le petit groupe survit néanmoins et se retrouve rapidement pris à parti par des milices.
Pendant ce temps, seule encore présente à La Havane, Lara intrigue pour prendre le contrôle de la DWC...

Ce cinquième tome change une nouvelle fois de registre et s’oriente vers le récit de survie. Si l’idée d’un crash d’avion et de la confrontation avec des milices africaines promettait une tension dramatique originale, l’exécution laisse perplexe : la survie miraculeuse de tous, immortels comme mortels, paraît invraisemblable (pour de meilleurs récits de survie, voyez plutôt du côté de Thorgal ou des Mondes d’Aldebaran)… Plus gênant encore, le scénario global s’enlise, sans apporter la moindre réponse aux grandes questions qui hantent la série depuis ses débuts. Les anges et les dragons semblent surgir à chaque coin de rue savane, sans véritable explication, ce qui brouille encore davantage une frise chronologique générale du lore déjà bien confuse.
« Chevalier ! Ce ne sont pas parce qu’ils sont africains qu’ils sont corruptibles ! »
« Non, c’est parce qu’ils sont mal payés. »
Moréa et Terkio continuent d’occuper l’espace, mais Théo se réduit progressivement à un simple love interest, tandis que son animosité artificielle avec Terkio sonne creux. Am’nta, quant à elle, se rapproche soudain de Terkio, en miroir de la dynamique précédente, mais sans véritable épaisseur. Les antagonistes (Nonce, Assagi, Mupata) ne parviennent pas non plus à racheter la fadeur de l’ensemble.
Le charadesign reste inégal. Si la sexualisation des femmes sert encore le propos dans l’arc narratif de Lara, elle atteint un niveau absurde avec des détails comme la “culotte de combat” du capitaine Assagi ou la robe-fourreau de Am’nta. Malgré ces excès, le style conserve néanmoins une lisibilité et une efficacité qui portent tout de même l’action.
La dimension critique du récit, dénonçant le cynisme des multinationales prêtes à financer des exactions dans des pays instables, manque cruellement de subtilité. L’intention est louable, mais se réduit à un message ultra-basique. Un constat qui – dans le paysage de la bande dessinée comme dans l’actualité – sonne comme une évidence, sans profondeur supplémentaire.
Ce cinquième volume laisse donc un arrière-goût de déception. Après un quatrième tome déjà fragile, Moréa s’enfonce dans ce diptyque qui peine à captiver et se prive de l’élan narratif qui faisait son charme au tout début. Pour un traitement plus abouti du thriller d’entreprise, je renvoie à ma critique du tome précédent, qui, malgré ses défauts, conservait encore une certaine tension dramatique.
A titre personnel, je ne possédais que ces 5 premiers tomes dans ma collection personnelle. Et après relecture, je reste assez circonspect. J’envisage tout de même d’emprunter les suivants, afin d’établir si la série parvient à décoller dans les 4 tomes supplémentaires sortis à l’heure actuelle… mais les critiques sur le web ne me rassurent vraiment pas !