Nous sommes 5 ans après les événements relatés dans le film Le Retour du Jedi. Han et Léia sont désormais mariés, cette dernière siège au conseil de la Nouvelle République galactique. Et les tractations diplomatiques n’y sont pas simples. De son côté, Luke Skywalker se pose des questions profondes sur sa mission et son rôle dans la République en tant que dernier Jedi.
Dans la faction impériale de la galaxie, le Grand Amiral Thrawn semble avoir un plan bien établi… Après s’être équipé d’un moyen de se protéger de la Force, il entreprend de retrouver d’anciens objets appartenant au défunt empereur Palpatine.
Parallèlement à cela, les marchés noirs et autres lieux de contrebande se réorganisent, suite à la mort de Jabba le Hutt.
Ces diverses factions seront très rapidement amenées à se croiser, que ce soit par hasard ou par la volonté de la Force…
L’adaptation du roman L’Héritier de l’Empire par Mike Baron et le tandem (français !) Olivier Vatine/Fred Blanchard se distingue par un rythme particulièrement soutenu. Malheureusement, cette vivacité narrative nuit à la lisibilité : les ellipses temporelles nombreuses et la rareté des cartouches explicatifs entraînent une certaine confusion. Le scénario semble survoler la richesse du matériau d’origine, à savoir l’excellent roman de Thimothy Zhan (dont nous avons ici la première moité), réduisant des situations complexes à de simples coïncidences, et raccourcissant les nombreux trajets à travers toute la galaxie (Coruscant, Bimissaari, Nkklon, Kashyyyk…). Autre exemple : il arrive que l’amorce d’un événement sur la page de gauche débouche sans transition sur une page de droite dans laquelle l’événement a déjà eu lieu, en « hors-champs ».
On regrettera également que l’intrication politique et les enjeux intérieurs de la Nouvelle République, pourtant présents dans les romans de Zahn, soient ici sacrifiés au profit d’une action quasi ininterrompue.
Le dessin, porté par le style nerveux et épuré de Vatine et Blanchard, offre des personnages facilement identifiables, bien que leur ressemblance avec les acteurs des films reste parfois trés (!) approximative. Le trait est simple et efficace, mais parfois trop peu détaillé, notamment sur les décors et les visages. Cette approche visuelle, pensée pour séduire un lectorat franco-belge comme américain, insuffle toutefois une énergie bienvenue, mais au prix d’une perte de finesse, donc.
L’ambiance générale réussit cependant à retranscrire l’esprit Star Wars :
- Exploration de thèmes forts, ici la transmission :
- Luke en tant que dernier Jedi
- Leia dans la Nouvelle république (et également enceinte)
- Thrawn portant l’héritage impérial
- C’baoth en proie à sa megalomanie prétentieuse
- Présence (et même introduction !) d’éléments du lore comme les Ysalamiri, la planète Coruscant ou les croiseurs interdictors, bien que certains aspects (notamment l’effet des bulles anti-Force) soulèvent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses.
L’implication d’auteurs français dans ce projet de traduit une volonté affirmée de renouveler l’esthétique de la saga en bande dessinée. Si la couverture mettant en avant Mara Jade est trompeuse (le personnage n’apparaissant que furtivement pour l’instant), les cahiers supplémentaires en fin l’album en révélent les contraintes d’adaptation, notamment la nécessaire fidélité aux designs issus d’un jeu de rôle Star Wars pré-existant du début des années 90.
En conclusion, une introduction agréable, mais un peu brouillonne. A suivre…
